- Le Bouddha Gautama donna un Enseignement Secret au Roi de Shambhala, Suchandra.
- Suchandra retourna dans son royaume et rédigea cet Enseignement en 12000 vers qui porta le nom de « Mûla Kâlachakra Tantra ». Il fut donc conservé à Shambhala pendant de nombreux siècles, inconnus du reste du monde.
- Le Législateur Mänjusrîkîrti[2], le premier d’une lignée de 25 Législateurs[3], fit un résumé (car l’original en 12000 vers était devenu trop difficile à comprendre, même pour les habitants de Shambhala) de cet Enseignement Secret.
- Législateur Pundarîka, successeur du précédent, écrivit à son sujet un vaste Commentaire appelé Vimalaprabhâ.
- Au Xe siècle de notre ère, un Pandit indien voyagea vers Shambhala et ramena en Inde le résumé du Kâlachakra Tantra, composé en 1047 vers, ainsi que son commentaire, le Vimalaprabhâ. Ceux-ci étaient écrits en Sanskrit puisque tel est le langage de Shambhala.
- Au XIe siècle de notre ère, ces deux documents (Kâlachakra Tantra et Vimalaprabhâ) furent amenés de l’Inde au Tibet et traduits dans la langue tibétaine. Maintenant ces traductions existent respectivement dans le Kanjour et le Tanjour tandis que des copies des originaux sanskrits ont été préservés au Népal.
- Au Tibet, du Kâlachakra furent préservés pendant un millier d’années jusqu’à ce que survint la dévastation opérée par la l’invasion chinoise de 1959.
Tanka du Kâlachakra Tantra |
- Un érudit tibétain, Budon (XIIIe siècle de notre ère) et son contemporain Dolpopa, firent respectivement des compilations et des commentaires sur les documents ((Kâlachakra Tantra et Vimalaprabhâ).
- Dolpopa fonda une École, appelée « Jonangpa » , liée au Bouddhisme tibétain, qui fut officiellement proscrite au XVIIe siècle en raison de ses doctrines considérées comme hérétiques au regard du Bouddhisme « exotérique » officiel .
- Târanâtha, un philosophe lié à cette École Jonangpa du XVIe siècle laissa quelques travaux sur le Kâlachakra qui sont d’une importance particulière car ils nous informent de la nature des « interprétations » du Kâlachakra que possédaient cette École. Nous apprenons ainsi que l’École Jonangpa étudiait avant tout les Enseignements du Kâlachakra et du Tathâgatagharba. (Tathâgata-gharba = matrice des Tathâgata ; Tathâgata = Dhyani-Bouddha ou Dhyan-Chohan »). Le terme Tathâgata se trouve dans les textes sanskrit bouddhistes, Dhyani Bouddha est un équivalent forgé par les auteurs bouddhistes modernes, et Dhyan-Chohan est un équivalent utilisé dans les écrits théosophiques.
« Il est remarquable que cet Enseignement (celui du Tâthâgatagarbha) tel qu’il est interprété par eux (les affidés de l’École Jonangpa), est en harmonie avec « La Doctrine secrète », et constitue également ce en quoi « La Doctrine Secrète » diffère du Bouddhisme orthodoxe ».Cette dernière remarque est extrêmement importante : en effet, c’est en raison des divergences constatées entre certains axiomes de la Théosophie et ce qui était accessible aux orientalistes, à l’époque de Mme Blavatsky, que le discrédit a été jeté sur l’authenticité de sa Doctrine. Remarquons que Târanâtha affirme qu’immédiatement après leur introduction en Inde – en provenance de Shambhala – le Kiu-Te et ses Commentaires furent transmis secrètement de manière ininterrompue de Maître à Disciple « pendant près de 300 ans ». Ceci confirmerait le caractère profondément occulte des commentaires oraux dont les Instructeurs de Mme Blavatsky font si grand cas tout en soulignant le lien de leur Enseignement avec celui de la secte préservatrice, Jonangpa.
III – Transmission du supplément secret du Kalachakra au Panchèn Lama et aux Maîtres de Madame Blavatsky
Suivons encore le cheminement de ces textes secrets :- Le Grand réformateur du Bouddhisme Tibétain, Tsong-kha-pa (1357-1419) reçut la Tradition du Kâlachakra via les deux instructeurs qui précèdent,( Budon et Dol-po-pa).
- Kedrupjé, disciple de Tsong-kha-pa, prépara une grande « interprétation » du Kâlachakra en 4 volumes, à côté de plusieurs ouvrages plus courts sur le sujet. Kedrupje est considéré comme une des premières Incarnations des Panchen Lama.
- La lignée des Panchèn Lama a donc continué la transmission de cette Tradition du Kâlachakra. Elle en est la protectrice particulière du Kâlachakraet son monastère, Tashi-lhunpo, a été le centre majeur des études sur le Kâlachakra au Tibet. Le Ier Panchèn Lama, (1569-1662) écrivit un commentaire secondaire sur le Vimalaprabhâ d’après les travaux de Kedrupjé et fonda le Collège tantrique de Tashi Lhunpo.[4]
- Le IIIe Panchèn Lama fonda le Collège du Kâlachakra à Tashi lhunpo dont le nombre des étudiants est limité à vingt-cinq.
- Le Rituel du Kâlachakra fut obtenu auprès du Collège du Kâlachakra de Tashi-lhunpo par le VIIIe Dalaï Lama (Jamdpal Gyasto,1758-1805) lorsqu’il le visita qui le transmit à au Collège Nomgyal Dotsaang, une École tantrique privée du Dalaï Lama qui reçoit 16 étudiants adonnés au Kâlachakra.
« Depuis l’identification évidente des Livres de Kiu Te (rGyud-sde) comme étant les Tantra bouddhistes tibétains, en 1981, je me suis longtemps douté que le « Livre de Dzyan », duquel les Stances de « La Doctrine Secrète » étaient traduites, pouvaient être le Mûla (Racine) Kâlachakra Tantra perdu. »Il énumère cinq raisons qui fondent cette découverte et réhabilitent les allégations de Madame Blavatsky :
- Le texte abrégé qui subsiste du Kâlachakra est toujours placé en tête des textes du Kanjour ; pareillement, Madame Blavatsky situe le « Livre de Dzyan » comme le « Premier des 14 volumes de Commentaires » du Kiu-Té.
- La localisation du plus grand centre d’étude du Kâlachakra était le monastère de Tashi lhunpo, adjacent à la résidence des Maîtres de Mme Blavatsky, à Shigatsé (Tibet).
- La référence à Shambhala est constante, dans la littérature théosophique, comme source de ses Enseignements ; elle est pareillement la référence du texte du Kâlachakra.
- Seul, le Kâlachakra, parmi les livres de Kiu-Té, accorde à la Cosmogenèse et à l’Anthropogenèse une place centrale. C’est également le cas de « Stances de Dzyan » dont « La Doctrine secrète » est un commentaire.
- Le terme « Dzyan » est une transcription phonétique tibétaine du sanskrit « Jnâna » qui signifie « la Connaissance-Sagesse ». Or, « Jnâna » est également le titre de la cinquième et dernière section du Kâlâchakra.
[1] « La Doctrine Secrète », vol. VI, p. 82. [2] Jam-dpal Grags-pa en tibétain. [3] Kalkis en sanskrit et Rigden ou Rigs-ldan en tibétain. [4] Le IIIe Panchèn Lama (1737-1780) écrivit le plus fameux des « Guides vers Shambhala ». Son guide semble être fondé sur celui du Tanjour, (le Kalâpâvatârâ), traduit par Târanâtha à partir d’un original sanskrit maintenant perdu. Le nom de Shambhala a donc toujours été relié à « la Sagesse sans Âge. » [5] (D. Reigle, « Light on the Dzyan : Kalachakra », Symposium on H.P.Blavatsky’s Secret Doctrine, Proceedings Sat. & Sun. Juillet, 21-22, 1984, Wizard Bookshelf, San Diego, California. )