Les années d’aventure et de rencontres

Trente Juillet 1831 du calendrier russe, à Ekaterinoslav, Ukraine. Le choléra faisait rage lorsque naquit Helena Petrovna Hahn, celle qui, plus tard, serait connue sous le nom de « Helena Blavatsky ». Son baptême fut un jour bien peu « orthodoxe »… pour une descendante des Princes Dolgorouki car la flamme d’un cierge se communiqua à l’assistance et le Pope fut sauvé de justesse. Quel était ce présage ? Devenue orpheline de mère, avec un père, capitaine d’artillerie au service du Tsar, Helena fut élevée par sa grand-mère. De 10 à 14 ans, elle s’avéra être un médium exceptionnel : les phénomènes étranges se multipliaient autour d’elle : coups frappés, déplacements d’objets, prévisions de la mort de visiteurs. Sa sœur et sa tante attestèrent plus tard que la jeune fille avait fréquemment la vision d’un Indien qu’elle considérait comme son protecteur. Elle voyait en lui son sauveur, en deux circonstances où ses escapades de garçon manqué avaient mis sa vie en péril. Petite fille du gouverneur d’Astrakan, la jeune Helena découvrit le Bouddhisme des Kalmouks[1]. L’adolescente dévora également les livres du muséum de l’immense datcha familiale de Saratov. La bibliothèque du prince Paul Dolgorouki, son arrière grand-père, la familiarisa avec les sujets occultes.
Helena Adolescente
Helena adolescente
À dix-sept ans, Helena épousa — par bravade envers sa famille — le comte Blavatsky, de vingt deux ans plus âgé qu’elle. Ce fut pour fuir aussitôt son époux, en pleine lune de miel : une malformation génitale interdit à Helena tout rapport sexuel, ainsi qu’en témoigne un rapport médical. Elle quitta cet époux qu’elle repoussait pour se retrouver, âgée de 18 ans, libre de découvrir le monde. D’une nature indomptable, n’ayant peur de rien, montant à cheval comme un cosaque, cette jeune aristocrate russe aux multiples relations, tant dans la noblesse russe que dans certains milieux ésotériques, sortit enfin de toute tutelle, familiale ou maritale. La fugitive débarqua au Caire et y fit la rencontre d’un énigmatique Mage copte, Paulos Metamon, conseiller du Khédive[2]. Elle approcha une mystérieuse « Fraternité Hermétique de Louxor ». Avec ce genre de Loge, liée à la Franc-Maçonnerie Occultiste, sa famille entretenait déjà des liens attestés par d’anciens documents, dont une lettre autographe du Comte de Saint Germain. À l’ombre des pyramides et de temples antiques peuplés de charmeurs de serpents, le Mage copte lui apprit à maîtriser ses étonnants pouvoirs psychiques. La jeune femme fit bientôt une autre rencontre, plus exceptionnelle encore. Ses propres témoignages à ce sujet restent marqués d’ambiguïté car son éternel souci fut, sa vie durant, de voiler, masquer, effacer, toute trace relative à Ceux qui seraient connus plus tard comme les « Mahatmas » et dont elle avait promis de préserver l’identité. De fait, une première rencontre eut lieu à Londres avec le Mahatma Morya en juin 1850 ; elle avait alors 19 ans. Ce fut à l’occasion d’un voyage en Angleterre du Premier Ministre du Népal. Helena reconnut, accompagnant ce dernier et au sein de l’escorte officielle, le Maître. Celui-ci, la voyant dans la foule massée près du cortège et captant la reconnaissance qu’elle eut de sa personne, lui fit signe de rester coite et discrète. Silencieuse mais triste, elle vit le Maître passer. Le lendemain, se promenant à Hyde Park, perdue dans ses pensées, elle eut la surprise et la satisfaction de le revoir. Il l’attendait. Une autre rencontre eut lieu un an après, en août 1851, toujours à Londres. Les archives gardées à Adyar (Madras – Inde) montrent un petit livret de 26 pages, que la jeune fille possédait à l’époque pour dessiner à la plume les paysages de son choix. Sur ce carnet, elle écrivit, au dessous d’un dessin montrant un clair de lune à Ramsgate, qu’elle rencontra le « Maître de ses rêves », celui qu’elle voyait, la nuit, enfant, en Russie. Helena, précisa bien plus tard à Mme Wachtmeister que Ramsgate était un « voile » jetée sur la rencontre car celle-ci eut lieu à Londres. Illustration de la majesté des Princes Rajpoutes, le Mahatma Morya apparaîtra, à de rares témoins proches d’H.P.B. (surnom d’Helena Petrovna Blavatsky formé de la première lettre de son prénom, son nom patronymique et de son nom), comme un homme de très haute taille, d’une beauté et d’un charisme saisissants. Il lui promit que l’Inde secrète et le Tibet interdit lui ouvriraient leurs portes et lui proposa de participer à « son » travail dans le monde. Ce serait après bien des épreuves. La première fut peut-être son épopée révolutionnaire : une nuit de 1860, à Constantinople, H.P.B. avait sauvé un individu poignardé par des « hommes de main » du Vatican. C’était Agardi Métrovitch, célèbre chanteur d’Opéra, membre aussi de la Société secrète des Carbonari, révolutionnaires engagés aux côtés de Garibaldi pour l’indépendance et l’unité de l’Italie. Helena fit cause commune avec son nouvel ami : sa propre recherche des vérités spirituelles et surnaturelles sera toujours liée à l’affranchissement de toute autorité religieuse, limitant l’expression de la Libre pensée. En 1867, à trente-six ans, après qu’elle eut parcouru le monde et venant juste de quitter le Tibet, elle rejoignit l’entourage de Garibaldi et de ses fils, à la veille de l’engagement décisif des « chemises rouges » : l’attaque de Rome… C’était la tragique bataille de Mentana où Helena, fusil en main, combattit les troupes françaises et pontificales — qui écrasèrent les Garibaldiens. Elle tomba. Laissée pour morte, elle survécut à deux balles agrémentées d’un coup de sabre, sauvée in extremis par la Croix-Rouge[3]. Ainsi, de 1858 à 1871, bien des autres aventures se succédèrent au gré de sa quête des Traditions Occultes de tous les continents :
  • Amérique du Nord (Côte Est et Far-West) et du sud (Pérou, d’où elle ramena le plan, jamais exploré depuis lors, de l’entrée présumée du trésor des Incas).
Trésor
Le croquis de l’entrée des souterrains cachant le trésor des Incas dessiné par H.P.B. (Document conservé aux archives de la Sosiété Théosophique à Adyar)
  • l’Inde mythique des cavernes de Bagh[4] et de Karli[5], à travers le Rajpoutana des sages, des Rajahs et des fakirs. Elle visita les mystérieuses tribus de géants et de nains sorciers des Nillgiri Hills[6], ramenant un reportage étonnant, publié plus tard en Russie.
  • Le Proche-Orient lui ouvrit les portes du monde secret des Druzes[7] et des cercles Soufis qui initièrent plus tard Gurdjieff. Elle y découvrit le contenu d’un mystérieux « Livre des Nombres Chaldéen », qu’elle présenterait plus tard, dans son enseignement, comme le manuscrit original de la Kabbale.
Mais, pour l’essentiel, H.P.B. déclara avoir séjourné, pendant cette période, sept années au Tibet, alors terre interdite. Cela, 50 ans avant qu’Alexandra David-Neel n’y posât le pied (celle-ci, d’ailleurs ne souffla mot de sa devancière autrement que pour la présenter comme « un imposteur », lors même qu’elle devint membre, par deux fois, de la « Société théosophique », co-fondée par Helena Blavatsky !…). Un document familial atteste la présence, en 1871, d’H.P.B. à Shigatsé, près du monastère-citadelle de Tashi Lhunpo, cœur du Bouddhisme réformé de la Tradition des « Bonnets Jaunes » (Gelugpa). Elle affirmera également avoir eu accès à la Tradition occulte immémoriale du Raja Yoga, auprès du maître des visions de son enfance, le Mahatma Morya, en différents lieux de l’Himalaya. Ce fut aussi en 1868 qu’elle plaça la rencontre du Mahatma Kout Houmi, un Adepte d’origine cachemirienne, le futur auteur des « Lettres des Mahatmas ». Si la question de l’identité des Instructeurs d’H.P.B. demeure à ce jour teintée de mystère cela tient essentiellement au fait que les « masques » employés par H.P.B. — seule source à leur sujet —, sont des « voiles » accumulés pour en éviter précisément toute identification et protéger la discrétion dont ils s’entouraient. Ces données ne permettent aucun recoupement fiable mais de simples conjectures, dans l’hypothèse, au demeurant très fragile et parfaitement gratuite, qu’il s’agirait de personnalités repérables dans l’histoire indo-tibétaine ou proche orientale. L’identité des Maîtres de Mme Blavatsky demeure donc une énigme, et le restera sans doute, malgré une tentative deM. Paul Johnson (voir « La thèse de Paul Johnson sur l’identification des Maîtres de H.P. Blavatsky ») à la méthode éminemment contestable. D’après le contenu des œuvres de Mme Blavatsky, on peut inférer que l’Enseignement de ses Instructeurs touche aux mystères de l’Origine de l’Homme et du Cosmos, selon les Traditions les plus occultes du Bouddhisme Mahâyâna, ces Tantras secrets que la Tradition présente comme transmis oralement par le Bouddha depuis le « Royaume Spirituel de Shambhala » (Voir Authenticité des Sources de la Doctrine Secrète »). Helena Blavatsky affirma toujours deux choses :
  • que ses Instructeurs, Adeptes de « l’École Arhat[8] Transhimalayenne », lui enseignèrent la véritable Maîtrise Spirituelle de ses propres pouvoirs psychiques ;
  • qu’elle reçut d’eux sa mission : réformer la pensée spirituelle du siècle en révélant certains Enseignements cachés du Bouddhisme, « comme la Loi de la Fraternité himalayenne y oblige un de ses membres en chaque fin de siècle ».

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[1] Les Kalmouks sont installés sur la rive occidentale du cours inférieur de la Volga dans la République autonome de Kalmoukie. Originaires de Mongolie occidentale, ils avaient émigré vers l’Ouest au cours de la première moitié du XVIIe siècle. Une partie des Kalmouks, dans les tourmentes du XXe siècle (Révolution et Guerre civile russes, deux Guerres mondiales), a poursuivi plus à l’Ouest sa migration (Turquie, Tchécoslovaquie, France, Etats unis…). [2] Du turc « khediw » (roi, souverain), ce fût le titre porté par les vice-rois d’Égypte de 1867 à 1914. Ce premier voyage d’HPB en Égypte à lieu en 1848. Paulos Metatron ne conseillera le khédive Ismail Pacha (Isma’il ibn Ibrahim pacha ibn Mohamed ‘Ali pacha) que bien plus tard, durant le règne de ce dernier de 1863 à 1879. [3] Fondée 5 ans plus tôt, en 1863, par Henry Dunant… [4] Grottes aménagées pour le culte bouddhique et décorées dans le style d’Ajanta (Site archéologique de Madhya Pradesh). [5] Ou Karle, Karla — Site archéologique de Maharashtra, entre Bombay et Poona, le plus vaste et le plus bel exemple de sanctuaire bouddhique excavé de type caitya (environ 120 après J.-C.). [6] La plus vieille chaîne montagneuse de l’Inde et la plus haute après l’Himalaya, située au sud du pays. [7] Implantée aujourd’hui essentiellement au sud du Liban, au nord d’Israël et en Syrie sur le Golan, la communauté Druze est un groupe islamique né au Caire des chiites ismaélites dans le premier quart du XIe siècle. La doctrine des Druzes est secrète et comporte divers degrés d’initiation, mais ni liturgie, ni lieux de culte. [8] Du sanscrit « Arahat » (celui qui est digne, celui qui a vaincu l’ennemi). L’Être qui a atteint cet état est arrivée à une telle perfection dans sa pratique qu’il ne dépend plus des illusions de la pensée et des désirs, il s’est libéré du Cycle des renaissances. Arhat est aussi synonyme de Bouddha : « Quand ils eurent vu le Tathâgata assis, les cinq ascètes l’appelèrent par son nom personnel, Gautama, mais le Bouddha leur dit : « N’appelez pas le Tathâgata par son nom personnel, car je suis maintenant Arhat, complètement et parfaitement Eveillé. La puissance surnaturelle du Tathâgata est immense, il est le Vainqueur suprême. Si donc vous appelez le Tathâgata par son nom personnel, pendant très longtemps vous subirez d’intenses douleurs ». (extrait du Vinya des Dharmaguptaka, traduction d’André Bareau, « En suivant Bouddha » – éd. Philippe Lebeau, Paris, 1985, p. 64-65)

L’Initiatrice

Ayant voyagé, sans un sou vaillant, dans l’entrepont des émigrants, H.P.B. s’installa à New York en juillet 1873 ; elle allait avoir quarante deux ans.
En septembre 1874, dans le cercle spirite de Chittenden (Vermont), elle rencontra le Colonel Olcott, son cadet d’un an. Le colonel enquêta sur les stupéfiantes manifestations d’esprits « surgis de l’Au-delà », dans la ferme des célèbres frères médiums Eddy. C’était un juriste, l’un des trois experts chargés par le gouvernement fédéral de l’enquête sur l’assassinat du Président Lincoln. Olcott soumit les esprits « matérialisés » par William Eddy aux épreuves scientifiques les plus rigoureuses : pesées et mesures dynamométriques, analyse chimique de l’haleine des apparitions. Ce n’était plus les vagues ectoplasmes surgissant habituellement autour d’un médium : c’était des individus vivants qui se matérialisaient et « disparaissent » après avoir dansé et parlé avec les témoins médusés… spirites, journalistes, sceptiques ou simples curieux ! Le Dr. Conan Doyle — père de Sherlock Holmes et médecin de formation — étudia avec admiration les procédures d’examen d’Olcott, dans sa monumentale « Histoire du Spiritisme ». Helena Blavatsky et le Colonel Olcott s’engagèrent alors dans un combat commun : explorer l’inconnu et révéler ses mystères. Pour la jeune femme, il s’agissait de convaincre ses contemporains que le psychisme des vivants provoque ces phénomènes, non les « esprits des morts ». À Philadelphie, en 1874, ils participèrent à une enquête qui révéla les fraudes d’un médium célèbre. Le monde spirite, ébranlé, ne reçut pas favorablement le discours hétérodoxe de cette intruse qui niait le fondement de leur croyance : « royaume spirituel » est le même, c’est le « royaume des morts ». C’était cette confusion qu’Helena Blavatsky voulait montrer et expliciter. Son audience dans ce milieu demeura restreinte. Le Colonel vivait en même temps d’étranges expériences, aux côtés d’Helena : il trouvait dans son courrier des messages des Instructeurs égyptiens de la « Fraternité Hermétique de Louxor », lesquels lui donnaient des directives pour assister H.P.B. dans sa mission. Et de fait, celle-ci, en contact avec différents membres de la Confrérie spirituelle des Maîtres, exécutait en leur nom diverses missions.
Lettre Serapis
Fac-similé d’une lettre écrite par le Maître Sérapis et reçue par H. S. Olcott à New York le 11 juin 1875
Helena tombait plusieurs fois par jour dans un état qu’un médecin identifiait deux fois de suite à la mort. Elle expliquait à Olcott que, durant ses crises, elle entraînait son propre esprit à se dégager de son corps pour permettre à la conscience de son Maître de s’y introduire et que ceci — selon elle une méthode traditionnelle utilisée par des Adeptes et des Disciples orientaux — préparait les événements qui vont suivre… De retour à New York, Mme Blavatsky s’installa avec le Colonel Olcott dans un appartement extravagant : les curiosités ramenées de ses voyages en Orient y côtoient des boas empaillés ; une jungle en feuilles séchées orne les murs et un singe en habit de soirée tenait, sous le bras, « l’Évolution des espèces » de Darwin[1]. Les journalistes surnommèrent bientôt « la Lamaserie » cet intérieur « bourgeois » de la 47e Rue, qui devint un salon à la mode. Érudits et curieux défilaient dans ce théâtre de phénomènes étranges… H.P.B. entreprit, en effet, de convaincre son entourage de la réalité des pouvoirs de l’esprit — selon elle : « simples applications des lois naturelles »
Lamaserie
Blavatsky et Olcott dans le salon de la Lamaserie, 47ème rue à New York. (Dessin de H.P.B) Décrivant cette « Lamaserie », un journaliste a écrit : « …directement au centre [de la pièce de réception] était dressé un singe empaillé, avec faux-col blanc et cravate autour du cou, manuscrit dans la patte et lunettes sur le nez… Au-dessus de la porte était la tête naturalisée d’une lionne, avec les mâchoires ouvertes et l’aspect menaçant… Un dieu d’or occupait le centre de la cheminée. Des meubles chinois et japonais, des éventails, des pipes, une batterie de plaids, des divans bas et canapés, un grand bureau, un oiseau mécanique qui chante… Des albums, des dossiers, les inévitables fume-cigarette, des papiers et des cendriers. Le lâche et luxuriant peignoir dont Madame était revêtue semblait en harmonie parfaite avec cet environnement. »
Les témoins racontèrent — et déposèrent devant huissier — qu’elle matérialisait à la demande, à partir de l’espace ambiant, des objets que purent conserver ses visiteurs. On entendait des sons venus de « nulle part ». En septembre 1875, Olcott et quelques amis décidèrent de fonder, autour d’H.P.B., un cercle d’étude de ces phénomènes et de la philosophie occulte : ce fut la « Société théosophique ». (Voir « Formation de la Société Théosophique »). Olcott en était le président et H.P.B. la « secrétaire correspondante ». Un an plus tard, dans le cadre enchanteur d’Ithaca, aux États-unis, Helena Blavatsky était l’invitée d’un ami spirite, le professeur Corson, de la prestigieuse Université Cornell. Ce fut là qu’elle écrivit son premier ouvrage de grand renom. Elle remplissait des pages jour et nuit, dans un état second. En trois semaines, près de sept cents pages manuscrites étaient rédigées… sans qu’aucun livre fût mis à contribution ! Le texte est pourtant rempli de citations savantes à propos de métaphysique, d’histoire et d’occultisme, dont son hôte vérifia l’exactitude à la bibliothèque de l’Université. « Isis dévoilée » sortit des presses en septembre 1877 : 1000 exemplaires vendus en deux jours ! Des célébrités comme Thomas Edison, Camille Flammarion, s’inscrivirent à la Société Théosophique. Un événement vint à point pour rendre célèbres les « Théosophes » : l’un des leurs, le Baron de Palm, décédé subitement, avait exigé d’être incinéré… Ce fut une première aux USA, où le conservatisme religieux se dressait contre le sacrilège ! Les Francs-Maçons, eux, soutinrent le projet. Le Colonel Olcott parvint à concevoir, organiser et à célébrer avec succès la première crémation officielle en Occident. Sa méthode resta longtemps en vigueur. Cherchant à toucher le plus grand nombre plutôt qu’une élite, la Société étendit ses buts : « faire connaître en Occident les philosophies orientales – fonder une fraternité universelle sans distinction de race ou de croyance ». Pour ce faire, les deux fondateurs décidèrent de quitter les États-unis pour l’Inde, terre d’élection pour une telle tentative. Aux Indes, Mme Blavatsky et le Colonel Olcott s’établirent à Bombay, dans un modeste bungalow du quartier indigène. Le gouvernement anglais les soupçonna aussitôt d’intentions politiques subversives. Il exerça une surveillance policière constante et fit pression sur ceux qui les approchèrent.
Helena et Olscott
Helena Petrovna Blavatsky et le Colonel Henry Steel Olcott. Les Fondateurs de la Société Théosophique à Londres en octobre 1888. Dédicace de la photo : « À la Société Théosophique Aryenne[2] de New York – Avec les bons vœux d’H.P.B & d’H.S.O – Londres, Octobre 1888 »
De fait, chargé de développer la Société Théosophique, son Président faisait des conférences où il enthousiasmait les Hindous en les incitant à ne pas abandonner leur antique religion sans raison. Une revue fut fondée : « The Theosophist ». Helena ridiculisait avec brio le clergé chrétien aussi bien que les Brahmanes sectaires qui l’attaquaient. Les Théosophes ne passant pas inaperçus, Alfred Sinnett, rédacteur en chef du Pioneer, l’un des plus influents journaux anglo-indiens, entra en rapport avec Helena Blavatsky… Ce fut donc parmi la gentry et dans le cadre fastueux de l’Inde coloniale, qu’H.P.B. allait réaliser les prodiges stupéfiants qui la rendirent célèbre :
  • à Bénarès, une pluie de roses, soudainement « matérialisées », tomba sur la tête d’un savant auditoire de lettrés indigènes… ainsi que prétendaient le faire autrefois les puissants Yogis dont parlent les textes sacrés.
  • A Simla, joyau des résidences coloniales, au cours d’un pique-nique improvisé en pleine montagne, H.P.B. « matérialisa » — dans des entrelacs de racines, au cœur même d’un talus — une tasse en porcelaine semblable à celles du service qu’on avait emporté ! Le prodige, aussitôt évoqué par la presse, la rendit célèbre dans toute l’Inde ! Ce furent aussi deux broches égarées qui se trouvèrent « matérialisées » dans des conditions totalement imprévisibles et qui ne laissaient place, par conséquent, à aucune explication par une supercherie préparée.
Deux témoins sortirent de ces quelques jours de phénomènes tout à la fois comblés et frustrés : Sinnett et un ami angais, A.O. Hume, futur « père du Congrès national indien », initiateur de l’Indépendance de l’Inde. Ils demandèrent à H.P.B. d’entrer, eux aussi, en contact avec ses Maîtres himalayens. Deux des Instructeurs d’H.P.B. acceptèrent, exceptionnellement, une correspondance où ils enseignèrent une partie de leur étonnante doctrine : le « Bouddhisme ésotérique », jusque là réservé aux Initiés de leurs Écoles secrètes. Et leurs lettres d’Enseignement apparaissent, à leur tour, comme « matérialisées » soudainement dans les endroits où on les attend le moins ! Ces « Lettres des Mahatmas » sont aujourd’hui conservées au British Muséum et des experts attestent aujourd’hui de l’étrangeté de leur procédé d’écriture. Ces lettres firent partie des pièces à charge dans l’enquête qui aboutit, quelques années plus tard à la condamnation de Mme Blavatsky comme imposteur et faussaire, accusation reprise sans cesse par les érudits depuis lors. Beaucoup ignorent qu’en 1986, la « Société psychique de Londres », commanditaire de l’enquête du siècle dernier, publiera, sous la plume du Dr. Vernon Harrison, une remise en question radicale de cette position, réduisant à néant ses conclusions de l’époque. (Voir « Le Rapport Hodgson de 1886 de la Société de Recherches Psychiques (S.P.R.) de Londres et son désaveu, en 1986, par la même Société en la personne de son enquêteur le Dr Verner Harrison »). Le Colonel Olcott, converti au Bouddhisme, entreprit de son côté, avec les dignitaires de Ceylan, une immense réforme de l’Enseignement de cette philosophie — dont un catéchisme, en vigueur aujourd’hui encore, est son œuvre. En 1882, souffrant du climat et de l’âge, Mme Blavatsky, à cinquante et un ans, quitta Bombay pour s’installer dans une belle propriété acquise par la Société Théosophique, pour le prix de la démolition : Adyar, au sud de Madras. Lors de son départ de Bombay, son œuvre fut célébrée par des discours exaltés de l’élite indigène.
Adyar
Le Quartier Général international de la Société Théosophique à Adyar en 1890
Bientôt, pour sauver ce qui lui restait de santé, H.P.B. dut quitter l’Inde pour l’Europe. Olcott l’accompagne. Nice, Paris, Londres… Helena rencontra des sommités de la Science, ouvertes aux phénomènes paranormaux : l’astronome Flammarion et le prix Nobel de médecine Charles Richet, le Dr. Charcot, célèbre pour ses expériences sur l’hypnose. Le Pr. Crookes, découvreur des propriétés radiantes de la matière, du tube émetteur des rayons X (qui porte son nom) et du radiomètre, devint Théosophe et lui fit visiter son laboratoire. Pendant l’absence d’H.P.B., à Madras, un drame se nouait : pour se venger, un couple de domestiques renvoyés pour indélicatesse, les époux Coulomb, remirent aux missionnaires locaux de prétendues « lettres de Mme Blavatsky ». Ces lettres qui apparaissent aujourd’hui, grâce à l’expertise du Dr Vernon Harrison de 1986, comme des faux grossiers, auraient contenu ses instructions pour opérer des phénomènes frauduleux. Le couple prétendit avoir été complice de Mme Blavatsky mais s’en repentir. Les lettres furent publiées par les missionnaires dans le « Christian College Magazine » de Madras. L’accusation fut reprise en écho par toute la presse anglo-indienne, relayée par le Times, à Londres. Invitée de longue date par le colonel Olcott, la « Société de recherche psychique de Londres » (S.P.R.) envoya aux Indes un enquêteur, Richard Hodgson, pour vérifier si les attaques des missionnaires étaient fondées. H.P.B. repartit pour l’Inde afin d’intenter un procès en diffamation. À son arrivée à Madras, une marée humaine s’empara d’elle sur le quai, les étudiants de la ville lui réservant un accueil triomphal ! Mais à Adyar, H.P.B. dut assister, impuissante, à une procédure d’enquête aberrante, sans même obtenir d’être entendue par Hodgson, lequel n’interrogea que ses adversaires. Il reprit l’accusation d’être une espionne russe. H.P.B. était stupéfaite d’être dissuadée de tenter un procès par l’unanimité des siens, Olcott inclus… faute de preuves valables devant une justice « humaine », incompétente donc pour connaître des matières liées à l’Ésotérisme et au « monde paranormal » ! Écœurée, elle démissionna de son poste de secrétaire de la Société et repartit pour l’Europe sur un brancard. Ce fut en Allemagne, à Würtzburg, qu’Helena Blavatsky apprit la dernière accusation portée contre elle : dans ses lettres, elle aurait avoué être une créature immorale, à la vie dissolue, ayant abandonné trois enfants illégitimes. Finalement, une analyse graphologique menée en dépit du bon sens et délibérément tronquée fit croire à la Société Psychique de Londres que les fausses lettres d’aveux étaient authentiques (sur ce point, comme sur celui des « Lettres des Mahatmas », le docteur Vernon Harrison désavoua aujourd’hui totalement l’enquête d’Hodgson, au nom de la S.P.R.). Mme Blavatsky commença alors à rédiger son testament philosophique : malgré ses souffrances physiques et morales, un travail d’écriture harassant la tint à son bureau du matin au soir ; c’était l’écriture de « La Doctrine secrète », livre « voulu par ses Maîtres — dit-elle  — pour jeter les bases d’une Connaissance et d’une évolution spirituelle nouvelles ». Une fois de plus, les citations d’ouvrages rares et inaccessibles envahirent ses manuscrits. Or, il n’y avait aucune bibliothèque dans sa chambre de Würzburg, où elle demeura en compagnie de la Comtesse Wachtmeister, témoin quotidien du prodige que constituait l’écriture de « La Doctrine secrète ». (Voir « La Doctrine Secrète et Madame Blavatsky » de C. Wachtmeister – Ed. Adyar). C’est alors qu’Helena Blavatsky reçut le verdict final de la « Société d’études psychiques de Londres », pour qui elle a « conquis le droit à une perpétuelle mémoire en tant que l’un des plus intéressants imposteurs de l’Histoire ». Elle est également présentée comme une espionne russe dont la mission est « de fomenter et d’entretenir aussi largement que possible parmi les Indigènes une désaffection envers l’autorité Britannique ». H.P.B. crut son œuvre à jamais discréditée mais elle fut vite détrompée par des amis fidèles qui l’appelèrent à Londres pour travailler à l’édition de son livre, à la fondation d’une revue, à la création d’un Cercle d’études privé, tout cela en recevant, du matin au soir, des célébrités venues parler métaphysique avec elle. En 1888, le premier exemplaire de « La Doctrine secrète » sortit des presses. Deux ans plus tard, un jeune avocat indien, totalement anglicisé, frappa à la porte de Mme Blavatsky : il se nommait Mohandas Gandhi et se déclarait honteux de n’avoir jamais lu la Bhagavad Gîta
Ghandi
Le jeune Mohandas Gandhi en compagnie de membres de la Société Théosophique au sein du comité exécutif de la London Vegetarian Society en 1890 photo © gandhiserve.org
Il déclara à son premier biographe, Fischer, que sa rencontre avec les Théosophes éveilla en lui sa mission de libérateur de l’Inde.

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[1] Victor Hugo, contemporain enthousiaste des progrès scientifiques de son époque, combattit pourtant avec vigueur le matérialisme ambiant, l’évolutionnisme en vogue au XIXe siècle ainsi que le darwinisme, consacrant à ce dernier ces quelques vers :

« Et quand un grave anglais, correct, bien mis, beau linge, Me dit : Dieu t’a fait homme et moi je te fais singe, Rends-toi digne à présent d’une telle faveur, Cette promotion me rend un peu rêveur… »

[ La légende des Siècles, VIII ; France et Âme, Édition « Bouquins », p.497.]

Cette satire, en dépit des protestations humanistes et déistes de Darwin — ou de ses partisans — ne retient que ce raccourci légendaire sur la nature de l’Être et son Origine… [2] Le mot arya, dans le Véda, se rapportait à une qualité morale ou intérieure, et non pas à une race ou un peuple. Le terme Aryens précise donc ici la filiation philosophique et spirituelle de la Société Théosophique de New York. L’emploi de cet adjectif n’à ici aucun rapport avec les thèses et définitions dévoyées et racistes des nazis qui opposaient un soi-disant « esprit supérieur aryen » au sémitisme.

La visionnaire

 
Helena à Londres
H. P. Blavatsky à 46 ans en 1877 (Londres)
Objet d’incessantes polémiques, accusée tantôt d’être une praticienne de magie noire, — les Mahatmas aussi furent accusés d’être des « sorciers » !… —, tantôt un médium sans scrupules, dans tous les cas un imposteur, rejetée par ceux-là même qui se targuaient d’Occultisme par crainte de la « concurrence » qu’elle représentait pour leur orgueil, Helena Blavatsky connut donc, un siècle plus tard, la réputation que l’ignorance de ses contemporains avait réservée à Cagliostro, le cachot et les tortures physiques en moins. Elle s’éteignit à Londres, le 8 mai 1891 emportant en elle ce qui, selon Platon, constitue un préjudice plus grave que celui d’être condamné à mort pour ses idées : la calomnie publique. Après sa mort on retrouva sur son bureau un papier portant inscrite une phrase qui peut être considérée comme un bref testament :

« Ceci est le Chemin, escarpé et épineux, environné de toutes sortes de périls, mais c’est le Chemin ; il mène au Cœur de l’Univers.

« Je peux vous dire comment trouver Ceux qui vous montreront la Porte secrète qui, seule, conduit à l’intérieur…

« Pour ceux qui vont plus avant, la récompense est indicible : le pouvoir de bénir et de sauver l’Humanité.

Pour ceux qui échouent, il y a d’autres vies lors desquelles le succès peut survenir ».[1]

  Mais la calomnie, pour dure qu’elle fût, ne vint pas de tous. Dans les décennies qui suivirent sa mort, l’influence d’Helena P. Blavatsky sur la Philosophie Ésotérique alla grandissant. Son livre, « La Doctrine secrète », divulgue pour la première fois trois aspects d’une Philosophie ésotérique entièrement originale : 1° Les « Stances de Dzyan »
Un extrait d’un Commentaire secret du Kandjur, le canon bouddhiste officiel, rédigé dans un langage symbolique archaïque : le Senzar. Ce Tantra associe l’étude des origines de l’Homme et du Cosmos. Il se présente comme la « Tradition orale de Shambhala », l’un des lieux mythiques correspondant à la « demeure » spirituelle du Bouddha, le nom étant emprunté à l’un des royaumes mythiques de l’antique terre de « l’Aryavarta », au nord de l’Inde. L’étude entreprise par le tibétologue David Reigle, autour des énigmatiques « Stances de Dzyan » et de la Tradition de « Shambhala », permet aujourd’hui de relier les sources de l’Enseignement transmis par Mme Blavatsky à une école du Kalachakra Tantra, d’accès aussi restreint que peu orthodoxe, selon les interprétations de l’école « hérétique » Jonangpa. Ce Tantra fait, en effet, un exposé totalement inédit du thème de la Cosmogénèse. (Voir « Authenticité des Sources de la Doctrine Secrète ») Dans « La Doctrine secrète », Mme Blavatsky relie ces données de Cosmogonie et d’Histoire Occulte de l’Humanité avec celles de la Science de son temps, notamment la théorie darwinienne de l’évolution.
2° La « constitution occulte de l’homme ».
Il s’agit de l’anatomie occulte de l’être humain, révélant les liens énergétiques qui unissent le corps physique au psychisme, au mental et à l’Esprit Infini. Ces enseignements, tirés du Bouddhisme ésotérique, donnent une description des différents états de conscience que l’on connaît dans la vie comme dans la mort. C’est dans ce contexte que le concept de Karma est exposé pour la première fois en Occident.
3° Le Symbolisme universel.
S’ajoutent les développements d’H.P.B. sur le Symbolisme, l’ensemble de la Doctrine pouvant être résumé en sept points reliant la Cosmogénèse à l’Homme, en intégrant leurs liens, qui constituent les Lois universelles fondamentales. Ce texte, joint à d’autres écrits d’Helena Blavatsky, va influencer tout la Philosophie spiritualiste occidentale, en amont de carrières philosophiques comme de celles de Rudolf Steiner et de Krishnamurti, tous deux Théosophes avant la création de leur propre système. Mais cette influence, d’après les remarquables recherches effectuées par Mrs Sylvia Cranston, se remarquera surtout chez les créateurs, ceux qui vont opérer la révolution des Arts plastiques, comme les Nabis autour deGauguin, également P. Klee, V. Kandinsky, P. Mondrian, Malevitch ; ils disent, voire écrivent, l’inspiration qu’ils doivent à Helena Blavatsky. Leur tentative de « désengagement » des formes de la matière pour atteindre à « l’essence du monde Idéal », clef de leur œuvre, a pour origine les écrits Théosophiques.
Mme Blavatsky se rencontre aussi, assez directement, au détour des pages d’écrivains de premier plan. Son influence sur la littérature anglo-saxonne s’avère considérable, notamment à travers le mouvement de la « Renaissance irlandaise » :
  • William Buttler Yeats, Prix Nobel de Littérature (1921), l’un des plus grands poètes lyriques anglais, est catégorique : « la Société Théosophique a fait plus pour la littérature irlandaise que Trinity College en trois siècles. » Pour lui, Mme Blavatsky — dont il a fréquenté le cercle privé, à Londres — était « un point d’interrogation… merveilleux à tous points de vue ».
  • T. S. Eliot, lorsqu’il écrira son poème fameux « the Waste Land », s’adonnera à l’étude de la Théosophie.
  • D. H. Lawrence lira avec conviction « Isis Dévoilée » et« La Doctrine Secrète ».
  • James Joyce aura également des contacts étroits avec la Théosophie et trouvera certaines de ses sources dans « Isis dévoilée », notamment le fondement de sa croyance en la réincarnation et au Karma.
  • Henri Miller citera « La Doctrine Secrète » dans son ouvrage « les Livres dans ma vie ». Miller aura même une étrange expérience, qu’il appellera sa « conversion » philosophique, où il aura d’H.P.B. « une vision aussi complète que si elle s’était trouvée dans la pièce. »
Albert Einstein, le scientifique (Prix Nobel de Physique en 1921) et Rabindranath Tagore, le poète mystique (Prix Nobel de Littérature en 1913)
Mme Blavatsky exercera également une influence moins connue sur le plus profond génie du XXe siècle : Albert Einstein. D’après un témoignage de sa nièce — qui se présenta dans les années 60 au Centre d’Adyar en précisant qu’elle ignorait tout de la Théosophie, et de la Société, mais qu’elle voulait absolument connaître cet endroit — il fut un lecteur assidu de « La Doctrine Secrète », le livre se trouvant souvent sur sa table de travail. Sans doute Einstein avait-il découvert cette œuvre par ses échanges avec l’astronome et physicien théosophe Gustav Strömberg. Notons que, parmi les lecteurs assidus ont également figuré le physicien Gustav Strömberg, l’astrophysicien Hubble et le Prix Nobel de physique Robert Millikan. Aujourd’hui, contrairement à l’idée que certains esprits se font, en Europe, du caractère obsolète de l’Œuvre de Mme Blavatsky, des chercheurs de haut niveau continuent de s’y référer aux États-Unis et d’en confirmer la fonction inspiratrice. Le livre est toujours autant prisé de chercheurs appartenant au Californian Institute of Technology et au célèbre Massachusetts Institute of Technology, où Mrs Cranston a constaté que des professeurs et étudiants en chimie établissent des projets pour effectuer des recherches sur les enseignements de « La Doctrine secrète » en rapport avec leur discipline. Dans le domaine de la biophysique, le Dr. Ruppert Sheldrake, lui-même lecteur convaincu du maître-livre d’H.P.B., soutient la thèse révolutionnaire des « champs morphogénétiques », lesquels reprennent le concept théosophique du « moule éthérique » servant de matrice à l’expression des formes. Mme Blavatsky disait, parlant en 1890 de « La Doctrine Secrète » :

« Ce n’est qu’au siècle prochain que les hommes commenceront à comprendre et à discuter ce livre avec intelligence »

Le présent lui donne raison…

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La biographie la plus documentée parue récemment en langue française est celle qu’a écrite en 1992 N. R. Nafarre « Helena Petrovna Blavatsky ou la Réponse du Sphinx » ; une deuxième édition, revue et augmentée, parut en 1995. C’est un magnifique travail de 669 pages, comprenant de nombreuses illustrations parmi lesquelles le portrait des deux Mahatmas, Instructeurs de la Théosophie, peint par Hermann Schmiechen en juin 1884. En langue anglaise — et malheureusement non traduit en français — les lecteurs intéressés pourront sans conteste lire l’excellent ouvrage de Sylvia Cranston « The Extraordinary Life & Influence of Helena Petrovna Blavatsky » – 641 pages – Ed. G.P. Putnam’s Sons – 200 Madison av. New York NY 10016).

[1] William Kingsland, « The real H.P. Blavatsky », Londres – Ed. J.M. Watkins, 1928.