de H.P. Blavatsky face aux allégation de René Guénon
Une autre pièce à conviction peut être désormais versée au dossier des sources authentiques de la Doctrine Secrète de Mme Blavatsky : rappelons qu’elle-même prétendait tirer celle-ci, non seulement d’une tradition orale du « Bouddhisme ésotérique », mais d’« un livre si ancien qu’il est le modèle d’après lequel a été compilé, le livre de Kiu-Té »
Le livre qu’elle fait connaître sous ce nom est aussi celui auquel fait fréquemment référence le Maître K.H. dans les Lettres des Mahatmas. Imposture parmi d’autres a-t-on prétendu de ce livre, et a fortiori de celui plus ancien qui est donné par H.P.B. comme son prototype. On peut répondre aujourd’hui aux petits maîtres de la négation : depuis l’invasion du Tibet par la Chine et le pillage de ses trésors littéraires par les troupes de Mao Zedong, on a identifié les Livres de Kiu Té. Ils ont été étudiés par M. David Reigle sous le titre : The Books of KIU TE — or the Tibetan Budhists Tantras — a preliminary analysis, Wizards Bookshelfs, San Diego, 1983.
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« Il est maintenant facile de voir que les deux divisions, le Dote et le Kiute, sont le mDo-sde et le rGyud-sde respectivement; ou les divisions (sde) des Sutra (mDo) et du Tantra (rGyud) de la parole du Bouddha, le Kandjur ». |
« Il y a des raisons de croire que des citations de ces quatorze volumes de commentaires existent dans certains commentaires accessibles que l’on trouve dans la partie Tanjour (bsTan-‘gyur; également Bstan-hgyur) du canon bouddhiste tibétain. « Une tradition très répandue — déjà mentionnée au quatorzième siècle par Budon (Bu-ston 1290-1364) dans son Histoire du Bouddhisme (Chos-‘byun) et rapportée plus tôt encore dans les commentaires du Kiu-te (rGyud-sde) eux-mêmes — parle de versions originales plus étendues des livres de Kiu-te, qui ne peuvent être trouvées parmi les textes connus en Inde ou au Tibet, mais qui peuvent être trouvés uniquement dans des lieux comme Shambhala, etc. « Certains grands instructeurs, comme Âryâsanga, sont réputés avoir eu accès à ces livres et certains ont écrit des commentaires qui les citent.». (Op. cit. p. 3) |
« … Ces deux collections manuscrites étaient conservées dans le petit monastère de Narthang (sNar-than), situé environ six miles au sud-ouest de Shigatsé (gZis-ka-rtse – demeure des Mahâtmâs associés au mouvement théosophique), et elles devinrent la base des éditions blockprint ultérieures du canon. C’est ainsi qu’elles furent connues comme la « vieille édition de Narthang ». (Op. cit. p.11. ) |
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Le texte abrégé qui subsiste du Kâlachakra est toujours placé en tête des textes du Kanjour; pareillement, H.P.B. situe le Livre Dzyan comme le « premier des volumes de commentaires » du Kiu te.
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La localisation du plus grand centre d’étude du Kâlachakra était le monastère de Tashi Lhunpo, adjacent à la résidence des Maîtres de Mme Blavatsky, Shigatsé.
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La référence à Shambhala est constante, dans la littérature théosophique, comme source de ses enseignements; elle est pareillement la référence du texte du Kâlachakra.
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Seul, le Kâlachakra, parmi les livres de Kiu te, accorde à la cosmogenèse et à l’anthropogenèse une place centrale. C’est également le cas des Stances de Dzyan dont La Doctrine secrète est un commentaire.
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Le terme Dzyan est une transcription phonétique tibétaine du sanskrit Jnâna, la Connaissance-sagesse. Jnâna est également le titre de la cinquième et dernière section du Kâlachakra.
Ainsi, il existe aujourd’hui davantage de raisons de considérer les Sources de La Doctrine Secrète comme authentiquement fondées dans la Tradition Occulte Tibétaine que de le mettre en doute. Certes, ce résumé bref et partiel des travaux de M. David Reigle ne rend pas compte de toute la subtilité de ses arguments et de l’étendue de l’information qu’ils dispensent. Il donnera néanmoins au lecteur une idée de l’actuel état des questions, lequel détruit complètement les arguments de R. Guénon.
Enfin, la question des sources originelles de la Doctrine reçue par Mme Blavatsky peut nous ramener brièvement à un autre débat : nous avons déjà eu l’occasion de nous demander quel crédit il fallait porter à la double affirmation suivante de R. Guénon : « … il semble bien établi que Mme Blavatsky n’alla jamais dans l’Inde avant 1878, et que, jusqu’à cette époque, il ne fut jamais question des « Mahatmas » ; la suite en fournira des preuves suffisantes. » (Théos, pp. 15-16). Le fait a déjà été relevé qu’aucune des preuves promises n’est donnée dans la suite de son ouvrage. Celui-ci n’est qu’un « savant » dosage de conjectures et d’affirmations gratuites. Nous avons déjà fait remarquer que cette accusation d’imposture procède de la plus insigne mauvaise foi : ceux qui connurent Mme Blavatsky avant 1878, notamment sa tante et sa sœur, attestent de sa référence à ses Instructeurs bien avant cette date (en fait dès son enfance et, par la suite, lors de son séjour en Russie pendant les années 1859-1864 — sa référence à ce que H.P.B. appelle à l’époque des Radja-Yogis). D’autres témoignages ont été donnés au cours du récit qui corroborent la réalité de ses voyages, notamment les témoignages recueillis par H. S. Olcott.(Voir Authenticité des Sources de la Doctrine Secrète). Pourquoi R. Guénon, sans sa grande « probité », les a-t-il délibérément ignorés ? La conclusion s’impose que si René Guénon et ceux qui se réclament de son école jouissent, dans certains milieux intellectuels « traditionalistes », d’une réputation d’érudits consciencieux, cette réputation est totalement surfaite. Car ce n’est pas seulement sur le terrain de la rigueur anecdotique (nécessaire toutefois à ses démonstrations) que ce mentor peut être pris en défaut de raconter n’importe quoi. Dans ses polémiques dirigées contre le « Néospiritualisme », son œuvre philosophique elle-même se montre ornée par davantage d’outrecuidance que de véritable instruction. Répondre point par point à l’ensemble de son œuvre demanderait de lui consacrer des centaines de pages, identiques à celles qui précèdent. Ce serait là une coupable perte de temps et d’énergie, deux atouts précieux dont la dilapidation figure parmi les « Signes des Temps » — titre d’un de ses ouvrages — dont l’inventaire lui fut si cher. Nous conclurons par des appréciations pertinentes, l’une sur René Guénon et deux autres sur H.P. Blavatsky.-
La première fut livrée par Jacques Bergier dans « l’Encyclopédie de l’Inexpliqué » : « Il [R. Guénon] estimait parfaitement inutile de donner des références sur ce qu’il affirmait. C’est bien regrettable… Personnellement, j’aurais plutôt tendance à admettre que le peu que je sais de la Tradition ne donne pas l’impression que Guénon ait eu accès à ce domaine ».
- La deuxième, sur H.P.B., nous est donnée par D.T. Suzuki (Maître de Bouddhisme Zen) dans « Eastern Buddhist (Old Series) » :« Il ne fait aucun doute que Mme Blavatsky a été initiée, d’une manière ou d’une autre, à l’aspect le plus profond des enseignements du Mahâyâna et qu’elle a ensuite révélé ce qu’elle a jugé sage de donner au monde occidental sous le nom de Théosophie ».
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La troisième enfin, du Tibétologue D. Reigle dans « Light on the Dzyan : Kalachakra », Symposium on H.P.Blavatsky’s Secret Doctrine » (voir Authenticité des Sources de La Doctrine Secrète) : « Depuis l’identification évidente des Livres de Kiu Te (rGyud-sde) comme étant les Tantra bouddhistes tibétains, en 1981, je me suis longtemps douté que le « Livre de Dzyan », duquel les Stances de « La Doctrine Secrète » étaient traduites, pouvaient être le Mûla (Racine) Kâlachakra Tantra perdu. »