Témoignages sur H.P.B

Un ouvrage remarquable parut à Londres, en 1891, intitulé « H.P.B. – À la mémoire d’Helena Petrovna Blavatsky par quelques un de ses élèves ». Il contient le témoignage de nombreuses personnes qui, ayant vécu de longs moments auprès d’ Helena Blavatsky, purent savoir vraiment qui elle était et comprendre un peu le mystère qui émanait de sa personne. Cet ouvrage a été réédité en 1991, à l’occasion du Centenaire de la mort de la Fondatrice de la Société Théosophique[1]. Il n’est, malheureusement, pas traduit en Français. Nous avons, cependant, deux livres écrits par des témoins proches de la vie d’H.P.B. : celui de A. P. Sinnet (« La Vie extraordinaire de Madame Blavatsky » – Éditions Adyar) et celui de Constance Wachtmeister (« La Doctrine Secrète et Madame Blavatsky » – Ed. Adyar). Tous deux sont traduits en français.
Constance Wachtmeister
La Comtesse Constance Wachtmeister (1838 – 1910)
C. Wachtmeister partagea les dernières années de la vie de l’Occultiste russe notamment lorsqu’elle écrivit son chef d’épreuve, « La Doctrine Secrète ». Son ouvrage de C. Wachmeister a été publié en Angleterre en 1893, deux ans après la mort de Madame Blavatsky. Elle fut le témoin constant des « phénomènes » occultes qui ont entouré la vie de Madame Blavatsky en général et l’écriture de cet ouvrage, en particulier. Son récit revêt donc un caractère précieux car il nous permet non seulement de comprendre l’action des Mahatmas dans cette entreprise de divulgation de la Sagesse Occulte mais aussi de pénétrer la vie intime d’H.P. Blavatsky, saisir ses réflexions et surtout son grand cœur. Voici ce qu’en dit Constance Wachtmeister  :

« Ce serait une tâche difficile que de donner une relation complète et détaillée de tout ce qui se passa pendant la préparation de ce remarquable ouvrage, car il ne faut pas oublier que « H.P.B. », [surnom d’Helena Petrovna Blavatsky formé de la première lettre de son prénom, son nom patronymique et de son nom] ainsi qu’elle l’a souvent déclaré elle-même, ne fut que la compilatrice de ce travail. Derrière elle se trouvaient les vrais instructeurs, les Gardiens de la Sagesse Cachée des Âges, qui lui enseignèrent toute la Science Occulte qu’elle transmit ensuite dans ses écrits. »

« Son mérite consista, en partie, à être capable d’assimiler les connaissances transcendantes qui lui furent révélées et à être un précieux messager de ses Maîtres ; d’autre part, à être merveilleusement apte à mettre l’abstruse métaphysique orientale sous une forme intelligible aux Occidentaux, en procédant à des vérifications et en faisant des comparaison entre la Sagesse Orientale et la Science Occidentale. » « Je désire communique au lecteur tout ce que je sais des difficultés et des désespoirs qui l’assaillirent au cours de son travail. La mauvaise santé, la vie errante, l’entourage défavorable, le manque de matériaux, la défection de faux amis, les attaques ennemis, furent des obstacles qui entravèrent son travail…. ».
Il est patent que l’auteur de la « Doctrine Secrète » souffrit beaucoup, surtout dans les dernières années de sa vie, en ayant à assumer la rédaction de cette œuvre dans des conditions épouvantables, tant au plan moral (le discrédit, les accusations monstrueuses qui s’abattirent sur elle, la défection de ceux qu’elles croyaient fidèles…) qu’au plan physique et matériel (impécuniosité, santé plus que déficiente). Un témoignage extraordinaire est livré dans cet ouvrage ; c’est une lettre que reçut la Comtesse Wachtmeister, après le décès d’H.P. Blavatsky, par un homme qui ne voulut pas que soit rendue publique son identité ; aussi la Comtesse veilla-t-elle à satisfaire ce désir de discrétion en ne mentionnant que les initiales : R. S… Et à ce jour, jamais cette identité n’a été révélée. A elle seule, cette lettre donne une idée, faible encore peut-être, de qui, derrière l’humour, l’emportement, l’apparente démesure de son caractère, était réellement Madame Blavatsky. Elle est reproduite en grande partie, ci-après, et sera la clôture à la présentation au public de cette fin de siècle de celle qui fut l’Émissaire des Maîtres de la Sagesse.  

Lettre privée signée R.S. reçue entre 1891 et 1893 par la Comtesse Wachtmeister

  « Chère Comtesse Wachtmeister, » « Puisque vous préparez un livre sur la manière dont H.P.B. écrivit « La Doctrine Secrète », vous pourriez peut-être y joindre un aperçu de sa méthode d’enseignement personnel pour ses élèves résidant au loin. » « Personne jusqu’ici n’a écrit sur ce sujet, et moi-même je ne pourrais pas le faire si mon nom devait être mêlé à ce récit. Cependant, je pense que vous et beaucoup d’autres accepterez mes déclarations, étant donné surtout que vous avez eu la preuve que c’est bien ainsi que je reçus mon enseignement, comme sans doute le reçurent d’autres personnes dont aucune d’ailleurs n’est connue de moi […] » « Vivant à quelques milliers de milles de l’Angleterre, je n’ai jamais rencontré Madame Blavatsky en personne. Il y a maintenant sept ans que pour la première fois j’entendis parler d’elle et de la « Théosophie ». Comme beaucoup d’autres personnes de ma connaissance, ce fut en parcourant la brochure de la Société de recherches Psychiques qui dénonçait H.P.B. comme une simulatrice et assurait que la calomnie Hodgson-Coulomb était l’expression de la vérité. […] Je n’ai pas l’habitude de juger les gens sur quelques actes particuliers mais sur le résultat de tout leur enseignement ou de toute leur vie. H.P.B. elle-même écrivait vers cette époque : « Suivez le Sentier que je montre et les Maîtres qui sont derrière ; ne suivez ni moi, ni mon Sentier. » « J’interprétai d’abord cette phrase comme indiquant qu’il en était pour elle comme pour les autres humains communément exposés à ne pas appliquer dans leur vie les vérités qu’ils enseignent et qu’ils seraient heureux d’atteindre. Par suite, j’étais enclin à appliquer à Madame Blavatsky, le courageux Messager, cet indulgent jugement dont nous demandons le bénéfice pour nous-mêmes en pareil cas. » « Bientôt cependant, je commençai à me rendre compte par ma propre expérience qu’elle n’était pas ce qu’elle semblait être. Sur ce point je n’insisterai pas si ce n’est pour dire que la conviction que j’acquis m’amena à demander à H.P.B. de m’instruire ; et le fait que j’eus pleinement confiance et que je crus en elle fut précisément ce qui me valut la réalisation de mon désir. L’esprit de foi développe dans notre aura et dans nos corps subtils des états magnétiques et très attractifs très différents des états de contraction et de lourdeur que provoque l’esprit critique et de doute. Une véritable accélération vibratoire de mon aura et de mes corps subtils se manifesta et celle de mon aura était perçue même par des personnes à qui mes pensées et mes attaches théosophiques étaient complètement inconnues. […] » « La situation était alors celle-ci. J’habitais à une grande distance de Madame Blavatsky et elle mourut avant que je l’aie rencontrée. Je n’étais pas et je ne devins jamais un « psychique » dans le sens où ce mot est habituellement employé. Je n’ai aucun désir de posséder « des pouvoirs » et ne suis jamais demeuré en état de « méditation » ou de « concentration ». […] Je n’étais et ne suis pas végétarien. Je n’ai fait aucun vœu d’ascétisme. Je n’ai jamais fait dans ma vie d’expériences « psychiques »… « Quand H.P.B. m’eut accepté comme élève, aucune règle ne fut établie, aucun plan ne fut dressé. Je continuai à me livrer à mes occupations journalières et la nuit, lorsque j’étais plongé dans un profond sommeil, une vie nouvelle commençait. Le matin, en sortant d’un sommeil si profond que je conservais encore la position de la nuit, je me rappelais très nettement que j’étais allé auprès de H.P.B. et il en avait été ainsi. J’avais été reçu dans des chambres dont je pouvais donner la description – ainsi que je le fis d’ailleurs – à ceux qui vivaient avec elle, signalant même les endroits usés ou troués des tapis. A la première rencontre de ce genre, elle me fit savoir qu’elle m’acceptait comme élève et pas autrement. Après cela elle me reçut d’une autre façon, me montrant des images qui passaient comme des panoramas sur les murs de la chambre. » « Il y en a bien peu que je pourrais décrire avec des mots car ces apparitions comportaient simultanément : mouvement, vibration, formation d’un monde sortant du premier noyau, « Esprit se matérialisant » dans une forme, mouvement devenant conscience et se précipitant dans mon cerveau comme l’image d’un fait ou d’une vérité. […] Beaucoup d’autres choses, que je ne peux indiquer, me furent enseignées, telles que des événements à venir — qui sont actuellement en cours de réalisation — et des faits encore inconnus relatifs à la vie d’autres personnes de la S.T. » « D’autres fois, mais plus rarement, je me réveillais et voyais H.P.B. debout au pied de mon lit et, tandis que je me redressais en m’appuyant sur le coude, son langage par signes commençait. Les harmonies de la Nature remplissaient la chambre éclairée par la lune pendant que les merveilleuses images passaient sur le mur. Tout cela m’était parfaitement objectif. J’étais pleinement conscient de tout ce qui m’entourait, de tous les bruits naturels de la nuit […] Toutes les expressions du visage d’H.P.B. m’étaient devenues familières. Je la revois encore enveloppée dans sa vieille robe de chambre — quelle vieille robe jamais tant chérie ? — ouvrant l’espace devant moi et se montrant alors dans l’expansion de son être réel. » « J’ai à peine une demi-douzaine de lettres d’elle et ces lettres ne contiennent aucun enseignement ; elles ont trait aux affaires extérieures de la Théosophie et n’ont rien que cette particularité. […] » « Il y a des personnes qui espèrent nous faire croire que H.P.B. n’était rien de plus qu’un chéla (disciple) finalement rejeté. Mais actuellement les choses qu’elle a prédites continuent à se réaliser avec exactitude, même celles qui nous éprouvent, même certains événements auxquels H.P.B. nous avait préparés en nous avertissant à l’avance. Aussi, tout le tapage et tout le bavardage, l’agitation et les révélations, nous laissent-ils froids et les apôtres d’un enseignement révisé montrent qu’ils ignorent ce qu’elle a donné comme directives — directives qu’ils ne savent pas trouver. La preuve sans cesse renouvelée, la preuve toujours vivante, nous l’avons […] »
Constance Wachtmeister
Rudolf Steiner (1861-1925)
« Peu de jours après sa mort, Madame Blavatsky m’éveilla la nuit. Je me levai, n’éprouvant aucune surprise mais seulement le doux plaisir habituel. Elle fixa mes yeux de son regard léonin. Alors elle devint plus mince, plus grande et sa forme prit un aspect masculin ; puis, lentement, ses traits changèrent jusqu’à ce que j’eusse devant moi un homme de haute stature et plein de force. Les derniers traits de H.P.B. se confondirent avec ceux de l’homme et il ne subsista plus que le regard léonin avec le rayonnement pénétrant de ses éclairs. L’homme leva la tête et dit : « Témoignez ! », puis il sortit de la chambre, posant, en passant, la main sur le portrait de H.P.B. Depuis cette époque, il est venu me voir plusieurs fois pour m’apporter des instructions — en plein jour — pendant que je travaillais activement ; et une fois il sortit d’un portrait de H.P.B. » […] « Voilà quel était, dans les nuits harmonieuses, l’Enseignement de H.P.B. qui écrivait : « Mes jours sont mes Pralayas et mes nuits mes Manvantaras ». « Bénis vraiment sont ceux qui ont participé à ses Manvantaras et qui n’ont pas vu et cependant ont cru ».

R.S.[2]


[1] Reédition par « The Theosophical Publishing House » — 12 Bury Place  –  London WCIA 2LE (Royaume-Uni). [2] Rudolf Steiner (1861-1925) avait 25 ans lorsqu’il entendit parler pour la première fois d’H.P. Blavatsky en 1886.