Au début, la cabale était un système strictement juif. Elle a évolué
comme une explication ésotérique ou cachée du sens de la Torah.
La Torah est en fait le Pentateuque. On dit qu'il a été rédigé par
Moïse et il contient les livres suivants : la Genèse, l'Exode,
les Nombres, le Lévitique et le Deutéronome. Il est manuscrit
sur des rouleaux dans les synagogues du monte entier et imprimé en
hébreu, en anglais, en français, en chinois et ainsi de suite, dans
chaque Bible publiée n'importe où sur terre.
Il est naturel que des traditions mystiques aient vu le jour au sein
du peuple juif, comme cela s'est produit partout, dans toutes les
autres religions.
La cabale est restée une tradition secrète pendant la plus grande
partie de son histoire. C'était une tradition orale, qui se transmettait
par la lignée initiatique, de maître à disciple. Le mot cabale peut
se traduire par "réception", ce qui indique la relation
d'apprentissage nécessaire pour apprendre la cabale d'un instructeur.
HISTOIRE DES DEBUTS DE LA CABALE
Les origines historiques de la cabale sont entourées d'un voile de
mystère et de légende. Une légende affirme que l'Archange Raziel a
enseigné la cabale à Adam après son expulsion du Jardin d'Eden. Une
autre fait d'Abraham le premier cabaliste et l'auteur du Séfer
Yetsirah, l'un des deux textes classiques de la cabale. Une autre
légende raconte que Moïse est descendu du Mont Sinaï avec les Dix
Commandements. Sur les premières tablettes d'origine se trouvait inscrite
la cabale. Mais lorsque Moïse vit les Juifs vénérer le Veau d'Or,
il les jugea indignes de recevoir cette loi supérieure et décida de
détruire les tablettes. Il remonta alors dans les hauteurs du Mont
Sinaï et revint vers son peuple avec un code légal simple, adapté
aux esclaves rebelles du Pharaon, récemment libérés. Les dix règles
originales de la cabale furent donc confiées oralement à Aaron, Grand
Prêtre et frère de Moïse. Par la suite, la cabale ne fut réservée
qu'à la prêtrise et aux érudits. Un homme devait d'abord connaître
la Loi pour être en mesure d'aborder la cabale.
Ce qui rend la cabale juive encore plus difficile d'accès est le
fait qu'elle comprenait de nombreuses écoles et systèmes différents.
Il n'existait pas qu'une seule cabale parmi les Juifs, mais un corpus
de connaissance composé des traditions apparues au cours de plus de
cinq mille ans d'évolution.
L'ARBRE DE VIE
Pendant la plus grande partie de cette période, la cabale était exclusivement
réservée aux Juifs. Mais c'est en Espagne, au douzième siècle, qu'elle
est sortie du secret. C'est à ce moment-là que le diagramme appelé
l'Arbre de Vie est apparu pour la première fois. Cette structure est
le chaînon manquant entre les deux traditions cabalistiques, la juive
et l'occidentale.
La quasi-totalité de la cabale occidentale est construite à partir
de cet Arbre. La cabale juive y attache beaucoup moins d'importance.
Il apparaît plut spécifiquement pour la première fois en tant que
tel dans le livre Portae Lucis en 1516. Il s'agissant d'une
traduction en latin de Shaarei Orah (Portails de Lumière) du
Rabbi Joseph Gikatalia (1248-1323), datant de 1290 environ. C'était
une époque de grande ferveur messianique parmi les Juifs, se basant
sur l'enseignement prophétique d'Abraham Abulafia, le maître cabaliste.
Le livre ne fut pas véritablement imprimé avant l'année 1516, préservé
jusque-là sous forme de manuscrit. Sur la page de garde, un homme
assis est représenté, tenant de sa main droite un arbre comportant
les dix sefirot.
La publication de ce livre correspond à la création d'une nouvelle
forme de cabale. Le terme de "cabale chrétienne" pourrait
être utilisé pour la désigner à juste titre à cette époque, c'est-à-dire
vers 1516. Il est surprenant d'autre part de constater qu'une version
imprimée de ce livre en hébreu n'est apparue qu'en 1559. Cela se passe
un an avant la première édition imprimée du Zohar. Le Zohar
est une oeuvre massive. Avec le Sefer Yetsirah, il constitue
l'un des classiques de la cabale juive. Il a entraîné une transformation
radicale de la cabale juive, mais son influence n'a qu'à peine effleuré
la cabale occidentale.
En revanche, cet autre petit livre peu connu, Portae Lucis,
a exercé une influence considérable dans deux directions distinctes.
Peu après sa publication en latin, un groupe de Dominicains fervent
essayèrent de convaincre le Pape Léon X de confisquer et de brûler
tous les livres juifs. Le mystique chrétien, Johann Reuchlin (1455-1522),
puisa dans ce livre pour rédiger son propre classique De Arte cabalistica
(De l'art cabalistique, 1517) pour convaincre le Pape, à qui il
était dédié, de la valeur des enseignements juifs, et les livres juifs
furent ainsi sauvés des flammes.
Reuchlin croyait que la cabale contenait la doctrine du Christianisme.
Il enseigna qu'à l'époque des Patriarches, avant Moïse, Dieu avait
un nom de trois lettres ressemblant à YVH, le Trigramme. Plus tard,
le nom de Dieu en quatre lettres, le Tétragramme, YHVH, fut révélé
à Moïse pour la première fois, comme cela est mentionné dans la Bible
(Exode 3:15). Au cours de l'ère chrétienne, en ajoutant la lettre
Chin au Tétragramme, vous obtenez le nom de Dieu en cinq lettres,
le Pentagramme, YHShVH. C'est également ainsi que s'écrit le nom de
Jésus en hébreu. Telles furent les premières bases de la cabale chrétienne.
Reuchlin était également conscient que les cabalistes pratiquaient
leur religion avec un amour dévotionnel pour Dieu, plutôt qu'avec
la peur de Dieu plus traditionnelle de la tradition juive. Il pensa
donc que ces cabalistes étaient très "chrétiens" de par
leur comportement. La cabale parlait aussi du messie. Reuchlin essaya
de convaincre le Pape que les cabalistes parlaient en fait de Jésus.
Pour respecter la vérité historique, rappelons que les cabalistes
ne croyaient pas que le messie soit encore apparu, tandis que les
Chrétiens croyaient bien sûr que Jésus était bel et bien le messie
attendu du peuple juif.
D'autres part, des groupes d'occultistes dans divers pays d'Europe
furent grandement influencés par les enseignements contenus dans ce
livre. Il continue encore à exercer une influence importante de nos
jours.
CABALE JUIVE MODERNE
On ne peut pas considérer que les enseignements contenus dans le
Shaarei Orah soient au cœur de la cabale juive moderne. Dans
la forme qu'elle prend aujourd'hui, la plupart des cabalistes juifs
suivent les enseignements du Zohar, et les interprétations
qu'en donne le grand Rabbin Isaac Louria (1524-1572) connus comme
étant Ha Ari. La cabale lourianique est immensément complexe.
Cependant, sa théorie fondamentale, lorsqu'elle se trouve réduite
à ses éléments essentiels, est remarquablement cohérente avec la physique
moderne dans sa description de la création de l'univers et de son
évolution.
C'est la cabale lourianique qui augmenta l'importance du Monde d'En
Bas dans la cabale juive. Ce Monde d'En Bas est un endroit sombre
et démoniaque, où les étincelles de la lumière divine vivent en exil.
Le cabaliste lourianique utilise une technique de méditation pour
voyager dans le Monde d'En Bas (le monde des qlippot - forces démoniaques),
afin d'en sauver les étincelles divines et de les ramener au Monde
supérieur. Cette tentative est présentée comme une Unification, car
la lumière exilée de Dieu se trouverait ainsi réunie à sa source.
La cabale lourianique est pratiquement inconnue des adeptes de la
tradition occidentale. Les cabalistes occidentaux donnaient une importance
prépondérante à l'Arbre de Vie et aux sefirot. Ceci fait partie, mais
ne constitue pas la totalité, et de loin, de la cabale juive. Le Tarot
se mêla aussi de manière intime avec la cabale occidentale et l'Arbre
de Vie. Or, les cabalistes juifs détestent le Tarot. Ils refusent
même d'en parler.
Voici, en quelques mots, l'état de la cabale aujourd'hui : deux groupes
principaux, les cabalistes juifs et ceux occidentaux, qui essentiellement
ne se connaissent pas les uns des autres.
La cabale juive et la cabale occidentale sont donc deux traditions
très différentes. La cabale occidentale est une excroissance de bribes
de la cabale judaïque passées dans le monde non-juif, où elles se
sont associées avec d'autres traditions, dans une synthèse que l'on
appelle généralement cabale occidentale. Ce transfert commença probablement
au douzième siècle, alors que la cabale juive commençait à se débarrasser
de sa mystique du secret absolu, se faisant mieux connaître parmi
les Juifs européens, qui purent ainsi la transmettre à leurs voisins
chrétiens.
CABALE OCCIDENTALE
La cabale occidentale semble avoir commencé à se constituer au cours
de la Renaissance, combinant le rosicrucianisme, l'astrologie, le
mysticisme soufi ramené des Croisades, la magie, l'alchimie, le mysticisme
chrétien, l'herméneutique et, bien sûr, la cabale juive.
Au début, elle fut adoptée par les prêtres et l'aristocratie. La
cabale offrait un domaine d'étude légitime et une protection, sorte
d'alibi pour les Chrétiens qui souhaitaient explorer le domaine de
l'occultisme, sans être pour autant accusés de sorcellerie et d'hérésie.
Au milieu du 19ème siècle, une autre branche de la cabale occidentale
est apparue, celle du Tarot. Jusqu'alors, le Tarot avait uniquement
fonctionné comme un système de voyance et de prédiction. Le Tarot
comprend soixante-dix-huit cartes. Cinquante-six d'entre elles ressemblent
aux cartes traditionnelles, avec quatre cartes de personnages de cour
pour chaque couleur, le Roi, la Reine, le Chevalier et le Prince (ou
la Princesse) au lieu des trois personnages des jeux de cartes modernes.
Mais le Tarot inclut en outre vingt-deux cartes (ou lames) dessinées
: on les appelle les arcanes majeurs. Le point de liaison pour les
cabalistes sont les vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque. L'origine
des vingt-deux lames des arcanes majeures est inconnue. Il existait
sans aucun doute des écoles occultes secrètes qui ont enseigné pendant
un certain temps le rapport existant entre les vingt-deux lames et
les vingt-deux lettres de l'alphabet hébraïque.
Sa première apparition sous forme écrite se produisit en France au
cours du 19ème siècle, dans la fameuse oeuvre d'Eliphas Lévi Dogmes
et Théorie de Haute Magie. Le Tarot fut ici décrit comme la base
d'un système transcendant de conscience en expansion, appelé magie,
et basé sur les principes de la cabale. Inutile de préciser, cette
parution souleva une véritable tempête.
Les cabalistes juifs n'ont jamais accepté l'existence d'un quelconque
lien entre le Tarot et la cabale. Leur hostilité se fonde probablement
sur l'interdiction contenue dans les Dix Commandements à l'encontre
des "images gravées", mais elle provient aussi sans aucun
doute d'une pensée trop rigide. Bien que la cabale hébraïque soit
fondée sur un système numérologique où les mots, les expressions et
les idées de valeur numérique égale sont considérées comme ayant un
lien ésotérique (chaque lettre hébraïques étant également un nombre),
ils ne reconnaissent pas de rapport entre ces vingt-deux cartes et
les vingt-deux lettres hébraïques. Il s'agit là probablement de la
pierre d'achoppement principale entre les cabalistes juifs et occidentaux.
Je ne m'appesantirai pas ici sur les arguments pour et contre chaque
position. Un cabaliste juif a raison lorsqu'il dit que le Tarot ne
fait pas partie de la cabale, autant que le cabaliste occidental lorsqu'il
affirme l'inverse. Lorsqu'ils parlent de la cabale, les uns et les
autres emploient le même mot, mais chacun fait référence en fait à
un système différent : d'où le malentendu.
La cabale occidentale est devenue célèbre en Angleterre à la fin
du dix-neuvième et au vingtième siècle, dans des groupes occultes
tels que la Golden Dawn ("Aube Dorée"). La plus grande partie
de la cabale occidentale moderne se base directement sur le travail
de ces explorateurs anglais, qui ajoutèrent par ailleurs des fioritures
égyptiennes à leur système, pour l'étoffer. Aleister Crowley, diplômé
de la Golden Dawn, put démontrer le lien universel qui rapprochait
la cabale des autres systèmes mystiques et religieux. Malgré sa réputation
controversée, personne n'a autant fait que Crowley pour faire comprendre
l'universalité de la cabale occidentale. Et c'est cet aspect qui constitue
son plus grand attrait. Alors que la cabale hébraïque est pratiquement
entièrement inaccessible, en dehors d'un petit groupe de Juifs pieux,
et que le Yoga taoïste est imprégné d'un symbolisme particulier à
la culture chinoise, la cabale occidentale est universelle grâce à
sa capacité à inclure tous les systèmes. Peut-être que le terme de
Tradition occidentale serait plus approprié que celui de cabale.
Cette Tradition occidentale est encore récente, si on la compare
à ses sœurs taoïstes et hébraïques. Elle a besoin de temps pour grandir
et s'affirmer.
La cabale juive, quant à elle, est tout juste en train d'émerger
d'une longue période de sommeil. L'érudition moderne d'auteur comme
Gerchom Scholem lui ont redonné une légitimité académique. De brillants
écrivains comme Aryeh Kaplan ont remis à la mode l'étude et la pratique
de la cabale parmi les Juifs orthodoxes et hassidiques, après plus
d'un siècle d'abandon. Des universités en Israël possèdent maintenant
des départements spécialisés dans l'étude de la cabale. Les adeptes
du Rabbin Philip Berg en font le prosélytisme dans les rues de New
York. Lentement, elle s'éveille et reprend vie, à une époque où les
Juifs souhaitent explorer leur propre patrimoine mystique. Ce phénomène
es-il lié à leurs désillusions face à un monde faussement "rationnel",
après l'Holocauste ? Peut-être s'agit-il d'une expérience totalement
inédite, qui en serait à ses débuts ? L'avenir nous le dira.
LES ELEMENTS
Les taoïstes considèrent le Ciel postérieur comme l'endroit où les
cinq forces énergétiques universelles ont été constituées, à partie
de l'interaction entre les Trois Purs. Ces cinq éléments sont le Feu,
l'Eau, le Bois, le Métal et la Terre. Tout dans l'univers est composé
de ces cinq éléments, soit dans leur état pur, ou en interaction avec
un ou plusieurs autres éléments. Le terme élément est difficile à
définir. Il désigne l'énergie dans l'univers. Cette énergie possède
deux pôles, Yin et Yang, et cinq phases ou activités
auxquelles il est fait référence sous le nom d'éléments.
Les cabalistes considéraient les trois premiers éléments, le Feu,
l'Eau et l'Air, comme des émanations des Trois Mères. Les cabalistes
juifs sont les plus concernés par ces trois éléments. L'élément Air
est en fait l'équivalent de deux éléments taoïstes : le Bois et le
Métal. L'Air est considéré comme possédant deux pôles, car il n'est
pas divisé en deux éléments distincts.
Franz Bardon, l'hermétiste allemand, affirme justement dans son ouvrage
Le Chemin de la Véritable Initiation Magique que l'Air possède
deux pôles. Il est un médiateur entre le Feu et l'Eau. Le Séfer
Yetsirah confirme de manière répétée, le fait que l'Air a un rôle
de médiateur ou d'équilibrage. Bardon précise en outre que pour sa
fonction de médiateur, l'Air assume la qualité de sécheresse du Feu
et celle d'humidité de l'Eau à ses deux pôles. L'un des pôles de l'Air
est sec, l'autre est humide. Cependant, Bardon omet de dire que les
deux pôles en question ont également les qualités de chaleur (modérée,
non extrême) et de fraîcheur (et non d'un froid trop prononcé). Chaud
et frais sont les deux pôles d'équilibrage du brûlant et du glacé.
Les deux pôles de l'élément Air doivent être humide et chaud (1) et
frais et sec (2), pour que cet élément puisse agir en tant que médiateur
entre le Feu et l'Eau.
J'ai dû chercher longtemps avant de trouver de telles informations.
Sans elles, je ne serais pas parvenu à établir toutes les correspondances
entre les cinq éléments taoïstes et les quatre éléments de la tradition
occidentale. L'élément taoïste du Bois possède les qualités de chaleur
et d'humidité. La description de Bardon indiquant qu'un des pôles
de l'élément Air est humide semble correspondre. Le Métal possède
les qualités de fraîcheur et de sécheresse. Le pôle opposé de l'élément
Air dans le système de Bardon est d'une qualité sèche. Cela se rapproche
suffisamment. Ainsi, si l'élément Air de la tradition occidentale
combine les éléments taoïstes du Bois et du Métal, alors les deux
systèmes peuvent être mis en parfaite corrélation.
Sur l'Arbre de Vie, l'élément Bois selon la tradition chinoise correspond
à la sefirah Hèsed. L'émotion positive du Bois est la gentillesse,
la bienveillance. Hèsed signifie miséricorde. Le Bois pousse en sortant
de la Terre. Hèsed est la première sefirah en dessous de l'abîme et
signifie la solidité en tant que concept, qui devient solide en définitive
par la sefirah Malkhout (Terre).
L'élément taoïste du Feu correspond à Gevourah. Le Feu de Gevourah
est une correspondance traditionnelle. L'eau correspond à la sefirah
Nètsah, qui est la sefirah des émotions. Celles-ci sont régies par
l'élément Eau en cabale occidentale.
Le Métal correspond à Hod, la sefirah de la rationalité et de l'intellect.
Frais et sec est une bonne description de cet état. Le Métal est un
des pôles de l'élément Air, et le symbole fondamental de l'Air dans
la cabale est l'épée, qui est constituée de Métal. L'élément taoïste
de la Terre correspond directement à Malkout, la sefirah de la Terre.
Cela ne nous laisse plus que Tiféret et Yesod. Dans la cabale, Tiféret
est le Soleil, et Yésod la Lune. Le Soleil et la Lune ont souvent
été utilisés dans les anciens textes taoïstes pour faire référence
à diverses opérations alchimiques. Ils correspondent parfaitement
à Tiféret et Yésod.
La formule fondamentale de la cabale est le Tétragramme, c'est-à-dire
le nom de Dieu en quatre lettres, Il est composé de quatre lettres
hébraïques : Yod, Hé, Vav, Hé. On a assigné à chaque lettre un élément.
Yod est le Feu, Hé est l'Eau, Vav est l'Air, et le second Hé est la
Terre. Les Trois Mères existaient avant la création. Le Yod Hé Vav
Hé représente l'ensemble de la création. Le Tétragramme est souvent
traduit par Jéhovah ou Yahweh.
Un cabaliste hébreu ne prononcera jamais ce nom. La légende affirme
que sa véritable prononciation fut donnée par Dieu à Moïse, lorsque
celui-ci reçut les Dix Commandements. Le Nom fut transmis au Grand
Prêtre Aaron. Cette prononciation authentique, d'origine divine, s'est
perdue. Au lieu d'épeler les quatre lettres de Yod Hé Vav Hé, les
Juifs utilisent toujours le terme d'Adonaï.
L'univers du cabaliste est tout à fait semblable à celui des taoïstes.
Dans la cabale, la création est basée sur le chiffre dix, comme les
dix sefirot par exemple. Le Séfer Yetsirah affirme (chapitre
1, section3) :
Dix Sefirot issues du Néant
Dix et non pas neuf
Dix et non pas onze.
Le système taoïste n'est pas si clairement découpé. Cependant, s'il
fallait choisir un chiffre comme fondement du système, ce serait le
huit. Taï Ji, Yin et Yang , et les cinq éléments s'élèvent
à un total de huit. Le Classique taoïste et confucianiste du Yi
King ou Livre des Transformations considère que tout ce
qui existe, au ciel et sur Terre, peut être symbolisé par huit trigrammes.
L'univers est considéré comme soumis à une transformation constante
et dynamique. Les huit trigrammes sont des images représentant les
transformations....
LE SEFER YETSIRAH ET FRANZ BARDON
Le Séfer Yetsirah aurait-il donc un fondement alchimique et
chamanique ? Il n'y a pas de réponse, car ces aspects ont été perdus
par les interprètes plus tardifs. Le livre contient un résumé complet
d'un système très élaboré, à base d'alchimie et de chamanisme. Rares
sont les écrivains ou les érudits qui semblent être conscients de
cet aspects. S'il y a quelqu'un qui soit versé dans cette tradition,
c'est bien Franz Bardon, cabaliste et hermétiste allemand mort en
1958.
Cet homme tout à fait remarquable révéla, dans les trois ouvrages
qu'il réussit à achever, un univers magique, différant radicalement
de tout ce qui avait été publié jusqu'alors, par leur ouverture et
le désir qui les anime de donner au lecteur les moyens et les explications
pour explorer ces mystères. Son livre Clé de la Véritable Kabbale
(Editions A. Moryason) est une approche de la question absolument
stupéfiante et entièrement unique. Pendant des années, je n'avais
pas la moindre idée d'où ses informations pouvaient bien provenir.
Puis, grâce à la publication du Séfer Yetsirah, Aryeh Kaplan
traduit littéralement quatre versions différentes des textes en existence,
en anglais. L'une d'elles, que l'on appelle la version courte (comme
son nom l'indique, elle est plus courte que les autres) contient des
correspondances pour les dix-neuf autres lettres de l'alphabet (en
plus des trois lettres mères), qui diffèrent radicalement de celles
qu'on trouve dans les autres versions.
J'ai dressé un tableau des correspondances dans la Quabbalah de Bardon,
et je me suis rendu compte que presque chacune d'entre elles était
identique à celles qu'on trouve dans la version courte du Séfer
Yetsirah. En tenant compte des immenses différences de correspondances
qui existent entre les différentes versions, je me suis aperçu que
la version de Bardon et la version courte présentent une cohérence
remarquable. Par exemple, dans la versions "Gra" du Séfer
Yetsirah, la double lettre "Peh" correspond dans l'humanité
à l'oreille gauche, tandis que dans la version longue, "Peh"
correspond à la narine gauche. Dans la version courte, c'est la narine
droite. Ceci se produit dans le cas de dix-huit des vingt-deux lettres
possibles de l'hébreu. Des quatre restantes, deux sont inversées et
deux sont différentes. Le lien d'ensemble qui existe entre La Clé
de la Véritable Kabbale de Bardon et la version courte du Séfer
Yetsirah, est donc indéniable.

Comparaison du Système de Franz Bardon et du Séfer Yetzirah
Il demeure néanmoins certaines différences entre les deux. Le système
de Bardon avait rajouté certaines correspondances qui n'avaient pas
été mentionnées dans le Séfer Yetsirah, comme la couleur. Mais
il reste indiscutable qu'une grande partie de sa cabale, ainsi que
de son premier livre "le Chemin de la Véritable Initiation
Magique" (Editions A. Moryason), provient d'un programme
d'études basé sur le Séfer Yetsirah. Bardon affirme qu'il
s'agit bien d'un système vieux de mille ans, et qu'il provient bien
du Séfer Yetsirah.
Pour progresser dans La Clé de la Véritable Kabbale, le chercheur
doit avoir au préalable maîtrisé la plupart des leçons du premier
livre de Bardon qui traite en grande partie de la maîtrise des éléments.
Ma thèse est que ce système est par nature plus proche de l'intention
première du Séfer Yetsirah, tel qu'il se transmettait oralement,
bien avant d'avoir été couché par écrit. Les écrivains des générations
ultérieures ont eu tendance à interpréter le Séfer Yetsirah
à travers le verre déformant des conceptions populaires, philosophiques
et cabalistiques de leur époque, de telle sorte que peu à peu le sens
premier s'est perdu. Ceci est particulièrement vrai pour le commentaire
d'Aryeh Kaplan dans son Séfer Yetsirah. Il nous donne des interprétations
hassidiques typiques du dix-huitième siècle, ainsi que d'autres, comme
celle d'Isaac Louria au seizième siècle, ou des cabalistes des douzième,
treizième et quatorzième siècles, etc., mais ce qui manque complètement
est la tradition orale d'origine, pour la simple et bonne raison que
cette dernière a disparu, qu'elle a été perdue. Le fait même que l’œuvre
de Bardon soit tellement différente des autres interprétations, et
pourtant si semblable sur tant de points à l'alchimie interne taoïste,
porte à croire que nous sommes peut-être effectivement en présence
d'un reliquat de la tradition originelle. Quoi qu'il en soit, cela
donne à réfléchir; par ailleurs, il s'agit ici d'une approche pratique
et méthodique des enseignements du Séfer Yetsirah. Ce système
est fondamentalement universel, il est accessible, et il n'est pas
nécessaire d'avoir une connaissance encyclopédique du mysticisme hébraïque
pour réussir à le comprendre.
AUTRES MYSTERES DES TROIS LETTRES MERES
En nous appuyant sur une connaissance du système de Bardon et de
l'alchimie interne taoïste, et lorsque nous revenons à notre discussion
des trois lettres mères, une partie du mystère s'éclaircit.
Au chapitre 1 : 1 du Séfer Yetsirah se trouve une autre référence
au chiffre trois. Il est dit que l'univers fut crée avec des lettres,
des nombres et des sons (le langage). Ceux-ci sont nommés globalement
les trois Sefarim, ou trois Livres. Aryeh Kaplan affirme que les lettres,
nombres et sons (il les traduit comme texte, nombre et communication)
correspondent aux trois divisions des lettres mères, respectivement
Univers, Année et Âme, et qu'ils représentent les aspects de quantité,
de qualité et de communication.
LA PUISSANCE DU SON
On nous apprend que la connaissance des lettres et des chiffres à
partir desquels fut composé le Séfer Yetsirah ne suffit pas,
car la clé du mystère comprend aussi le son.
Puis, au chapitre 2 : 1, on nous dit que Mem bourdonne, Chin siffle
et qu'Aleph est le souffle d'air servant de médiateur entre les deux.
C'est le début de l'entraînement des trois éléments. Nous apprenons
le son des trois lettres mères. Mem est murmuré : m-m-m-m-m : Chin
est chuinté : ch-h-h-h; et Aleph est vocalisé comme un souflle d'air
: ah-h-h-h-h.
Nous apprenons maintenant à associer chaque son avec son élément
: ch-h-h-h avec le feu et la chaleur, m-m-m-m-m avec l'eau et le froid,
et ah-h-h-h-h avec l'air et une température neutre, tempérée. Ces
exercices doivent être développés pendant un certain temps. Le pratiquant
doit imaginer activement que lorsqu'il fait le son ch-h-h-h-h par
exemple, il ressent réellement de la chaleur. Après un certain temps
et une pratique continue, il sentira de la chaleur; pareillement,
pour les deux autres éléments, jusqu'à ce que le son soit complètement
associé à la température appropriée.
L'étape suivante est d'associer chaque son avec la partie correspondante
du corps : ch-h-h-h-h avec la tête, ah-h-h-h-h avec la poitrine, et
m-m-m-m-m-m avec l'abdomen. En émettant ces sons, nous pouvons sentir
leurs effets dans ces différentes parties du corps. C'est un processus
très semblable à l'exercice taoïste des Six sons curatifs, où divers
organes sont apaisés, détendus et rafraîchis, grâce à l'emploi des
différents sons. Avec les trois sons mères, nous traitons les trois
parties corporelles plus générales de la tête, de la poitrine et de
l'abdomen. Nous pourrions les appeler les "Trois sons curatifs".
Le Travail doit se poursuivre jusqu'à ce que le pratiquant ressente
de la chaleur dans la tête, une température neutre dans la poitrine,
et du froid dans l'abdomen, tout en prononçant les lettres.
L'énonciation des trois lettres mères fonctionne aussi comme un mantra.
Les lettres sont lentement énoncées et le pratiquant laisse sa conscience
descendre de sa tête jusqu'à son abdomen (comme pour le Triple Réchauffeur
des taoïstes). Ce mantra, ch-h-h-a-a-h-h-m-m-m, favorise également
le silence intérieur. Au fur et à mesure que la conscience descend
dans l'abdomen, le dialogue intérieur, vécu par tellement de pratiquants
comme une interférence gênant leur méditation, prend fin. Au début,
c'est un effet momentané,. Avec le point de conscience retiré de la
tête et descendu dans l'abdomen, il y a un arrêt de bavardage incessant
dans le cerveau. Cependant, cet effet peut être tout à fait surprenant
pour le pratiquant et son esprit conscient reprendra le dessus en
pensant, par exemple, "quel silence règne ici." Il faut
de l'entraînement. Le pratiquant est tellement habitué à la présence
de la "boîte à jacasseries" dans son mental que lorsque
celle-ci s'éteint, l'expérience peut être assez effrayante. Le méditant
peut avoir l'impression qu'une partie de lui-même est en train de
mourir. Il peut y avoir identification avec ce dialogue intérieur;
on croit être cela. C'est faux. Il ne s'agit que d'interférences,
et plus tôt elles seront maîtrisées, le plus tôt l'étudiant pourra-t-il
continuer à progresser.
EQUILIBRER LES ELEMENTS
En fait, tous ces exercices sont de fidèles reflets de l'alchimie
interne taoïste. En faisant descendre la conscience dans l'abdomen,
nous entrons dans le cham du Tan Tien inférieur, là où commence
l'exercice de l'Orbite Microcosmique, et là où tous les éléments sont
intervertis pour l'Illumination mineure.
Les exercices des éléments du Séfer Yetsirah sont conçus pour
équilibrer les éléments à l'intérieur du corps. Je n'en ai présenté
ici que quelques-uns. Franz Bardon consacre une part importante du
Chemin de la Véritable Initiation Magique à différents exercices
élémentaux.
Son système occidentalisé avait une structure différente du Séfer
Yetsirah, dans le sens que la Terre est considérée comme un élément
distinct, alors que dans le Séfer Yetsirah, la Terre apparaît
comme une création de l'Eau, et non pas comme un élément distinct.
Ceci peut s'expliquer par le fait que selon la théorie cabalistique,
la création de l'univers s'est déroulée en quatre étapes. On les désigne
comme les quatres Mondes : Atzilouth, Briah, Yetsirah et Assiah. Assiah
est l'univers physique (semblable à Malkhout). Yetsirah est le monde
de la formation (semblable à Yesod), sous-jacent à ce que l'on désigne
généralement comme le monde réel ou Assiah. Dans le monde de Yetsirah,
il n'y a aucune solidité, et donc pas d'élément Terre. Ce n'est qu'en
Assiah que la solidité apparaît, et que la Terre existe en tant qu'élément
distinct.
Dans le Séfer Yetsirah chacune des vingt-deux lettres hébraïques
correspond à une partie du corps, ou à un organe. Les trois lettres
mères Chin, Aleph, et Mem désignent la tête, la poitrine
et l'abdomen, respectivement. En plus des trois lettres mères, il
existe aussi les sept lettres doubles et les douze lettres élémentaires.
A chacune de ces dernières correspondent également différentes parties
du corps. Malheureusement, le Séfer Yetsirah ne contient aucune
instruction sur la manière d'utiliser cette information. C'est un
ouvrage qui ressemble souvent aux notes d'un étudiant traçant les
grandes lignes d'un cours, réduites aux données essentielles, plutôt
qu'une transcription de l'enseignement complet d'origine. Le besoin
de garder le secret, qui prévalait à l'époque, est probablement la
raison sous-jacente à cet état de fait. Une première lecture simple
du Séfer Yetsirah vous laisserai généralement perplexe.
Néanmoins, examiné avec l'esprit ouvert, sans s'appuyer uniquement
sur les interprétations hébraïques traditionnelles, il devient évident
que nous sommes là en présence d'un système non seulement spirituel,
mais global, concernant aussi le corps et la psyché....
LE SYSTEME CABALISTIQUE DE BARDON
Le système mis au point par Franz Bardon dans La Clé de la Véritable
Kabbale est extrêmement différent de toute interprétation hébraïque
connue, et pourtant il présente de nombreuses ressemblances avec le
yoga taoïste. Bardon a conçu un programme de formation complet. Il
ne parle pas de l'arrière-plan scriptural, si omniprésent dans les
autres commentaires. Il laisse un système qui peut être utilisé par
tout un chacun, au lieu d'être réservé seulement à quelques Juifs
pieux. Cela ne signifie pas pour autant que son système soit facile
à mettre en pratique, mais simplement qu'il est accessible à un public
plus vaste et et plus varié. On pourrait dire la même chose du yoga
taoïste : bien que sa base soit chinoise, ses enseignements sont accessibles
et utilisables par tout le monde. (note de Nephtys : Alexandre Moryason
fait actuellement la même chose pour la Théurgie avec son ouvrage
"La Lumière sur le Royaume")
Le système de Bardon appartient à la tradition cabalistique occidentale.
Bardon était allemand et ses ouvrages ont été rédigés initialement
en langue Allemande. Il semble être beaucoup mieux connus des cabalistes
européens que de ceux d'Angleterre ou d'Amérique. Son ouvrage sur
la cabale est un programme intensif de formation, basé sur les lettres
de l'alphabet. Il utilise l'alphabet allemand, qui comprend des lettres
telles que Ch, Oe et Sh, qui ne font pas partie de l'alphabet français.
Certaines de ces lettres correspondent à des traductions phonétiques
de lettres hébraïques telles que Heth et Chin (H et Ch). Cependant,
il existe aussi des additions évidentes au système, s'il il est vrai
qu'il provient d'anciennes sources du Séfer Yetsirah.
Par exemple, la couleur joue un rôle majeur dans le système de Bardon.
A chaque lettre est attribuée une couleur au cours de la première
étape de la pratique. Cependant le Séfer Yetsirah ne mentionne
jamais de couleur. En revanche Aryeh Kaplan affirme à la page 174
de son Séfer Yetsirah qu'une tradition de couleurs liées aux
planètes et aux sefirot existe dans le Zohar, qui suit l'ordre
se trouvant dans une version du Séfer Yetsirah. Les cabalistes
juifs ont souvent médité sur les couleurs données aux sefirot. On
ne sait pas exactement à quel moment on a associé des couleurs aux
lettres. La couleur est une correspondance tout à fait évidente, et
la visualisation d'une lettre d'une couleur particulière est un excellent
apport à la méditation. Toutes les écoles de cabale occidentale ont
donné des correspondances de couleur aux lettres et aux sefirot. C'est
un élément constitutif de base pour toute méditation ou rituel.
Les taoïstes ont attribué des couleurs aux cinq éléments et donc
aux organes internes. L'univers taoïste associe des couleurs à la
Terre, aux planètes et aux étoiles. Globalement, cependant, la couleur
est moins importante pour les taoïstes ou les cabalistes juifs, pour
lesquels elle fonctionne plus comme un aide à la pratique, que pour
les cabalistes occidentaux, pour qui sa fonction est essentielle.
Dans le système de Bardon, le pratiquant commence par apprendre à
donner une couleur à chaque lettre de l'alphabet : par exemple A est
bleu pâle, B violet pâle, C rouge. Une série de quatre exercices est
pratiquée, associant les couleurs et les lettres. D'abord l'étudiant
apprend à "voir" la couleur dans l'ensemble de son corps.
Ensuite, chaque lettre est attribuée à l'un des quatre éléments. Reflétant
le système du Séfer Yetsirah et les trois lettres mères, les
lettres correspondant à l'élément Feu sont visualisées dans la tête,
celles associées à l'Air dans la poitrine, et celles liées à l'Eau
dans l'abdomen. Bardon considère l'élément Terre comme le quatrième
élément. Les lettres associées à la Terre sont utilisées depuis le
coccyx vers les plantes des pieds.
La prochaine série d'exercices attribue à chaque lettre et à chaque
couleur une partie du corps. Il s'agit dans les grandes lignes des
correspondances de la version courte du Séfer Yetsirah. L'efficacité
de ces exercices dépend des facultés de visualisation du pratiquant.
Ensuite ce dernier apprend à "prononcer" les lettres. Chacune
d'entre elle est chantée à une hauteur correspondant à l'une des notes
de la gamme musicale. Ainsi, le A se chante comme un sol, le B comme
un la, le C comme un ré, et ainsi de suite. L'exercice procède de
façon à combiner le son et la couleur de la lettre, en répétant l'exercice
précédant, en entendant la note et en visualisant la couleur de chaque
lettre 1) dans son corps entier, 2) dans sa région élémentale concernée
(tête, poitrine, abdomen ou jambes), et 3) dans son organe correspondant.
La Troisième étape de la formation cabalistique de Bardon commence
en apprenant à associer à chaque lettre un sentiment particulier,
en se basant sur sa correspondance élémentale. Ainsi, la lettre A,
correspondant à l'élément Air, est ressentie comme une sensation de
facilité ou de légèreté. La lettre B, correspondant à l'élément Terre,
est ressentie comme une sensation de poids. Pareillement, une lettre
correspondant à l'élément Feu sera ressentie comme une sensation de
chaleur, et une lettre d'eau comme une sensation de fraîcheur. Une
fois qu'il a appris cela, l'étudiant combine ensuite tous les exercices
simultanément : il voit la couleur de la lettre, il entend en même
temps sa hauteur de ton, et la ressent selon son élément correspondant
(chaleur, fraîcheur, lourdeur ou légèreté). Bardon désigne cela comme
la prononciation tri-polaire ou tri-élémentale. Ce n'est qu'après
avoir maîtrisé cette prononciation tri-polaire que l'étudiant devient
réellement capable d'utiliser les lettres de manière créative (comme
un cabaliste).
Il est évident que le système de Bardon est très complexe. La formation
décrite ci-dessus est centrée en fait autour des trois éléments mères.
Tous les exercices de visualisation appartiennent au domaine de l'élément
Feu, les exercices auditifs sont sujets à l'élément Air et les exercices
de sensation sont soumis à l'élément Eau. En fait, la presque totalité
du programme d'étude est basée sur les éléments. Bardon a écrit un
court chapitre sur les principes des dix sefirot, mais il ne donne
aucun exercice spécifique à ce sujet.
Une fois qu'un étudiant a atteint le stade où il est capable d'utiliser
n'importe quelle lettre de manière tri-polaire, il n'est plus considéré
comme un étudiant mais comme un cabaliste. Il est littéralement devenu
une force de la nature, il peut contrôler les éléments et les lettres
dont Dieu s'est servi pour créer et former l'univers. Il est le Maître
du Verbe. Le titre du Séfer Yetsirah a été traduit parfois
comme le Livre de la Formation, et parfois comme le Livre
de la Création. Bardon nous donne une méthode permettant d'appliquer
ces termes littéralement, ce qui fait que le Séfer Yetsirah
est considéré non pas comme une ancienne philosophie, mais comme un
système vibrant de véritable connaissance créative.
Malheureusement, Franz Bardon est mort avant de pouvoir rédiger le
livre sur l'alchimie qu'il avait en projet. Comme il l'aurait sûrement
dit lui-même, telle était la Volonté de la Providence Divine. Rares
sont les cabalistes occidentaux qui ont entendu parler de lui. Mais
je trouve que, plus que tout autre personne que j'ai jamais rencontrée,
il a construit un véritable pont entre les cabales hébraïques et occidentale
et le Yoga taoïste....
Eric Yudelove
Editions Guy Trédaniel